L'institut d'émission helvétique a reconduit sa politique monétaire ultra-accommodante qu'elle mène depuis 2015. Le taux directeur et le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs à vue ont été maintenus à -0,75%.
La banque centrale reste également "disposé à intervenir au besoin sur le marché des changes afin d'atténuer les pressions à la hausse sur le franc", a-t-elle précisé lors de sa dernière réunion de l'année. Car pour la BNS, la monnaie nationale "se maintient à un niveau élevé".
Le franc, valeur refuge recherchée en période de crise, s'est nettement apprécié depuis le début de l'année, mettant les exportateurs suisses sous pression. Alors que la devise nationale s'échangeait encore à 1,1152 franc pour un euro début mars, la paire de devises s'est depuis nettement appréciée, atteignant début décembre 1,0376 EUR/CHF.
Stabilité des prix et franc fort
Par ces mesures, la BNS veut "assurer la stabilité des prix et soutenir la reprise de l'économie suisse" dans le contexte incertain de la pandémie de coronavirus, a indiqué le président de l'institut d'émission Thomas Jordan. La politique monétaire de la BNS demeure "judicieuse", selon le texte de son discours à la conférence de presse. A cela s'ajoute une intervention "au besoin" sur le marché des changes.
Thomas Jordan a cependant concédé la difficulté d'interpréter l'évolution des cours de change en raison du différentiel des taux d'inflation entre la Suisse et l'étranger. Mais la BNS estime que la monnaie helvétique est tout de même "à un niveau élevé".
"L'appréciation que le franc a connu ces derniers mois a (...) contribué à maintenir l'évolution des prix en Suisse à un niveau relativement bas", a estimé Thomas Jordan.
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Inflation limitée en Suisse
La BNS a ajusté ses prévisions d'inflation pour cette année et la suivante, en raison de la hausse des prix à l'importation des produits pétroliers et des biens concernés par des difficultés d'approvisionnement. Les attentes d'inflation s'inscrivent à 0,6% pour 2021, 1% pour 2022 et 0,6% pour 2023. Bien loin des 6,8% en novembre en glissement annuel aux Etats-Unis et 4,9% dans la zone euro.
La décision de la banque centrale suisse de maintenir sa politique monétaire accommodante intervient alors que les grands instituts d'émission sont sous pression pour réagir à l'inflation en forte hausse.
Mesures anti-inflationnistes aux Etats-Unis et en zone euro
La Fed a annoncé la veille son intention de relever les taux directeurs en 2022 et d'avancer la fin du soutien à l'économie pour affronter les conséquences de la pandémie. L'inflation aux Etats-Unis devrait atteindre 5,3% en 2021 et 2,6% en 2022, a indiqué la Fed, alors qu'elle prévoyait en septembre respectivement 4,2% et 2,2%.
La Banque centrale européenne (BCE) lui a emboîté le pas ce jeudi. Elle a laissé ses taux directeurs à leur plus bas historique, tout en annonçant une "réduction graduelle du rythme de rachat d'actifs" face à la pandémie. L'institut francfortois mettra fin d'ici mars 2022 à son principal soutien face à la pandémie, les achats nets de dette dans le cadre de son programme d'achat d'urgence contre la pandémie (PEPP).
ats/cab
Prévisions de croissance plus optimistes
Concernant la croissance économique, l'institut d'émission table sur une progression du produit intérieur brut (PIB) suisse d'environ 3,5% cette année, après "environ" 3% en septembre. La BNS table sur une évolution plus dynamique que ce qui avait été prévu alors dans l'hébergement et la restauration.
Pour 2022, la BNS s'attend à une croissance du PIB d'environ 3%. Le chômage devrait encore fléchir quelque peu et l'utilisation des capacités de production continuer à se normaliser.