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Face à la peur du black-out, des maisons en totale autarcie

Faisant le choix de l'autarcie, Patrice parvient avec son installation électrique. De quoi couvrir 85% de ses besoins annuels.
Faisant le choix de l'autarcie, Patrice parvient avec son installation électrique. De quoi couvrir 85% de ses besoins annuels. / 19h30 / 2 min. / le 22 décembre 2021
Depuis la publication d'un rapport du Conseil fédéral sur les risques de pénurie d'électricité, les solutions alternatives attirent de nombreux propriétaires. Des installations proposant des modèles en totale autarcie sont en pleine croissance.

Patrice Crisinel a franchi le pas. Depuis quelques jours, sa maison située en Valais fonctionne presque totalement en autarcie. "Je voulais avoir une solution qui permette de produire ce qu'on consomme. Principalement pour le ménage, mais aussi pour le véhicule. C'est extrêmement valorisant".

Son système novateur lui permet de chauffer sa maison, construite dans les années 70, à l'électricité et de charger sa voiture. Il couvre désormais 85% de ses besoins annuels.

Contrairement au système classique de panneaux solaires qui permettent de réinjecter dans le réseau ce qui est produit en trop, le système d'autarcie peut fonctionner sans réseau électrique. "Le soleil produit de l'électricité la journée. Elle est consommée par la maison et le surplus est stocké dans la batterie. Le soir, ou s'il fait mauvais, on peut utiliser cette énergie stockée pour alimenter la maison", explique le spécialiste de l'énergie solaire Julien Morard, directeur de smartsuna.

Retour sur investissement

Patrice Crisinel a déboursé plus de 60'000 francs pour son installation. On lui a promis un retour sur investissement de moins de 10 ans.

C'est financièrement et écologiquement intéressant, mais pas seulement. Pour Loic Viret, directeur de Studer Innotec SA, "se rendre en autarcie, c'est aussi rendre de plus en plus solide le système de distribution d'électricité, mais aussi de production d'électricité. On n'est plus seulement consommateur, on est vraiment un acteur. Et on peut participer à la stabilité du réseau."

La crainte du black-out

La stabilité du réseau a en effet été mise à mal ces derniers temps. Selon un rapport sur la sécurité de l'approvisionnement en électricité publié par le Conseil fédéral cet automne, la Suisse pourrait manquer d'électricité dès 2025.

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Cette annonce a créé une véritable ruée vers des solutions alternatives. Selon Pascal Affolter, directeur associé chez Solstis, la réaction a été immédiate: "Depuis 2, 3 ans, on a déjà une demande qui grandit chaque jour. Mais suite à l'annonce du Conseil fédéral, le lendemain matin, j'avais déjà des commandes fermes qui tombaient."

D'après lui, les projets étaient déjà préparés et réfléchis. "Mais tout d'un coup, ça a donné l'impulsion. C'est vraiment une tendance qui se confirme."

Complémentaire

Pour les distributeurs traditionnels d'électricité, ces alternatives sont complémentaires: "C'est intéressant, parce que ça sensibilise à ces vraies questions sur la consommation qu'on veut faire de l'électricité. Cela permet aussi des développements technologiques qui peuvent se généraliser dans l'utilisation du public", espère Jacques Mauron.

Pour le directeur de Groupe E, cette tendance ne constitue pas une concurrence. Et pas seulement parce que ces maisons en autarcie ne représentent encore qu'une petite minorité: "Nous sommes énergéticiens. La livraison d'électricité fait partie du métier, mais offrir des services pour les personnes qui souhaitent ce genre de solution également. Nous sommes prêts à les installer et à mettre en place avec eux ces solutions."

La prochaine étape pourrait être des réseaux de bâtiments autonomes s'échangeant l'électricité.

Delphine Gianora

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