Le milieu du tatouage s'inquiète de l'interdiction par l'Europe de certaines encres
Vingt-cinq pigments rouges, orange et jaunes utilisés par les tatoueurs vont être soumis aux mêmes règles que les produits cosmétiques. Ce qui vaut sur la peau vaut aussi sous la peau, c'est en substance le message de l'Agence européenne des produits chimiques.
Si les tatoueurs suisses ne sont pas encore concernés, ils s'inquiètent déjà d'une possible interdiction. "Les encres de tatouage, ce sont des encres de tatouage. On ne peut pas les comparer à d'autres produits", estime Sylvain, du studio Add'ink Tattoo à Genève, lundi dans La Matinale de la RTS. "L'huile de moteur n'est, par exemple, pas de l'huile pour cuisiner. La situation est absurde."
Et d'ajouter: "On n'a pas attendu que l'Union européenne légifère sur la question pour essayer de trouver les meilleurs produits."
Développer de nouvelles encres
Selon une enquête de l'association de consommateurs UFC-Que choisir, en février 2021, des colorants interdits se retrouvent dans les encres de couleur. Certains pigments contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane, mais leur impact sur l'homme est à ce stade inconnu.
Quant aux fabricants, ils vont devoir changer leurs produits et refaire l'étiquetage, ce qui prendra du temps. "Il faut savoir que les encres actuelles sont le fruit de plusieurs dizaines d'années de recherches. Cela ne se remplace pas aussi facilement", explique le tatoueur français Mikki Bold.
"Forcé de travailler dans l'illégalité"
"A partir de janvier, tout le monde va continuer de travailler comme avant en important les encres depuis des pays situés hors de l'Union européenne, en attendant de voir si on va être puni pour cela", ajoute Mikki Bold. "Personne, le 4 janvier, ne va déposer le bilan et arrêter le métier. On se trouve forcé par les autorités de travailler dans l'illégalité."
Une pétition SaveThePigments a déjà recueilli 175'000 signatures. Elle demande notamment un report de l'entrée en vigueur des interdictions et des clarifications juridiques ou scientifiques.
Natacha Van Cutsem/vajo