Cette hausse des prix à la consommation, plus de sept fois supérieure à l'objectif initial du gouvernement, s'explique par la chute de près de 45% de la livre turque face au dollar sur un an, malgré des mesures d'urgence annoncées par le chef de l'Etat mi-décembre.
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Pour les Turcs, l'effondrement de la monnaie se traduit par une envolée des prix devenue difficilement soutenable, le pays étant très dépendant des importations, notamment pour les matières premières et l'énergie.
+86% pour la farine et le poulet
L'inflation saute ainsi aux yeux dans les supermarchés, où les étiquettes ne cessent d'être réimprimées: les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 43,8% sur un an, malgré les menaces du gouvernement qui a exhorté les grandes chaînes de supermarché à revoir leurs prix à la baisse ces dernières semaines.
Selon les chiffres officiels, la farine et la viande de poulet ont vu leurs prix augmenter de 86% en un an, l'huile de tournesol de 76% et le pain de 54%. D'interminables files d'attente sont ainsi apparues ces dernières semaines devant des kiosques à pain gérées par les municipalités d'opposition à Istanbul et Ankara, où le pain est vendu deux fois moins cher que dans la plupart des boulangeries.
Hausse du salaire minimum
Dans ce contexte, le président Erdogan a relevé le salaire minimum au 1er janvier de 2825,90 à 4253,40 livres (environ 295 francs), soit une hausse de 50% en grande partie effacée par la conjoncture.
Après plusieurs semaines de pertes historiques, la livre turque s'était pourtant redressée mi-décembre à la suite des mesures d'urgence annoncées par le président Erdogan et à des ventes massives de réserves en dollars, mais la monnaie voit de nouveau sa valeur fondre depuis une semaine face au billet vert.
ats/vajo
L'inflation est devenue un sujet brûlant en Turquie
L'opposition et une partie de la population accusent l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer sciemment et largement la hausse des prix, alimentée par la politique monétaire du président Recep Tayyip Erdogan qui a poussé la banque centrale turque à abaisser systématiquement ses taux d'intérêt ces derniers mois.
A rebours des théories économiques classiques, le chef de l'Etat estime que les taux d'intérêts élevés favorisent l'inflation, mais sa politique monétaire et le manque d'indépendance de la banque centrale, dont Recep Tayyip Erdogan a limogé trois gouverneurs depuis 2019, n'ont fait qu'entraîner la monnaie nationale dans sa chute.
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Fin décembre, la crise monétaire a viré au règlement de comptes politique en Turquie, avec un appel du nouveau ministre des Finances à déposer plainte contre les économistes et les journalistes qui ont commenté l'effondrement de la monnaie nationale.
Outre les gouverneurs de la banque centrale, le chef de l'Etat a également remplacé à trois reprises depuis 2018 son ministre des Finances, dont le dernier, le 2 décembre, en pleine débâcle.