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Face à Omicron, les tests rapides sont à prendre avec des pincettes

Les tests PCR seraient les plus fiables pour déceler le variant Omicron
Les tests PCR seraient les plus fiables pour déceler le variant Omicron / 19h30 / 1 min. / le 6 janvier 2022
Il n'est pas rare que les verdicts des tests PCR contredisent ceux des tests rapides. Alors que les files d'attente devant les centres de prélèvement s'allongent, la fiabilité des tests antigéniques et auto-tests pourrait être altérée par le variant Omicron.

Avec la hausse fulgurante des cas positifs dus au variant Omicron, la population se rue sur les tests. Ces derniers conditionnent désormais nos loisirs ou nos relations sociales. Auto-tests avant de voir la famille ou test antigénique quand on est cas contact, ces précautions font désormais partie de nos habitudes.

Pourtant, il est difficile de se reposer entièrement sur ces dépistages, à en croire l'agence sanitaire américaine (FDA), qui affirmait il y a 10 jours sur son site que "les tests antigéniques détectent le variant Omicron, mais peuvent avoir une sensibilité réduite".

A Berne, le problème est pris au sérieux. Patrick Mathys, le chef de la section gestion de crise à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), a confirmé cette semaine lors d'un point presse que ces tests rapides antigéniques "semblent avoir des problèmes de sensibilité. C'est quelque chose qui doit être examiné de près au niveau international. Sur cette base, nous pourrons ensuite décider comment utiliser ces tests à l'avenir."

Raisons inconnues

Les exemples de personnes négatives aux tests antigéniques et positives aux PCR se multiplient en effet. Selon le virologue Didier Trono, les raisons de la baisse de sensibilité provoquée par Omicron ne sont pas encore très claires: "Est-ce que c'est la composition du virus, qui fait que les anticorps qui sont dans le test ne le reconnaissent pas? Ou alors est-ce que c'est un virus qui sort de personnes qui, elles-mêmes, ont des anticorps qui bouchent les endroits que le test devrait reconnaître?"

Les experts n'ont pas encore de réponse à cette question. Toujours est-il que cette baisse de fiabilité vient semer le doute sur la pertinence des tests rapides, effectués en nombre à la sortie des fêtes et au pic des contaminations.

Didier Trono appelle donc à une certaine méfiance vis-à-vis des tests antigéniques. "Si on est symptomatique, un test antigénique négatif n'est pas l'assurance d'une non-infection. Il faut avoir recours à la PCR, qui détecte le matériel génétique du virus au travers d'une amplification", précise le professeur à l'EPFL.

Toujours utiles

Face à ces recommandations, le nombre de PCR explose: "Nous avons une demande sur les PCR qui est extraordinaire. D'autant que dès qu'un test antigénique est positif, il faut le confirmer par un PCR pour pouvoir le séquencer", affirme Rémi Lafaix, le président de Pharma suisse.

Faut-il dès lors bouder les tests antigéniques ainsi que les auto-tests, qui reposent sur la même technologie? Pas forcément. La plus basse fiabilité des tests antigéniques par rapport aux PCR était déjà connue avant Omicron. Même si leur efficacité a encore diminué, ces tests rapides n'en restent pas moins une arme de plus pour réduire la transmission du virus.

"Il est utile de s’en servir plutôt que de ne pas s’en servir, parce que quand le test est positif, on peut s'abstenir d’avoir les contacts que l'on aurait eus sans cela. Ça contribue à la réduction des risques", a souligné mardi Samia Hurst, vice-présidente de la task force de la Confédération.

Même si beaucoup sont passés entre les mailles du filet, de nombreuses personnes asymptomatiques ont tout de même découvert qu'elles étaient positives grâce à un auto-test effectué par simple précaution juste avant un repas de famille.

>> Les précisions de La Matinale :

Zoom (vidéo) - L'efficacité des tests rapides face au variant Omicron
Zoom (vidéo) - L'efficacité des tests rapides face au variant Omicron / La Matinale / 2 min. / le 10 janvier 2022

Estelle Braconnier/ Feriel Mestiri

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