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Les entreprises s'organisent pour faire face à l'absence de nombreux travailleurs

Le Covid et les quarantaines qu'il implique compliquent l'organisation des entreprises. [Keystone - Gian Ehrenzeller]
Les quarantaines compliquent l'organisation des entreprises / La Matinale / 1 min. / le 10 janvier 2022
Avec près de 30'000 cas par jour en fin de semaine dernière en Suisse, les contaminations au Covid s'envolent. Ce lundi de rentrée s'annonce compliqué pour de nombreuses entreprises, car isolements et quarantaines les privent d'une bonne partie de leurs employés.

Avec les multiples nouveaux cas causés par le variant Omicron, on parle de plus de 100'000 absences lundi dans les entreprises. Et de nombreuses voix réclament une réduction des quarantaines et des isolements, alors qu'approchent les prochaines annonces du Conseil fédéral, prévues mercredi.

>> Lire à ce sujet : Rebecca Ruiz: "Il faut réduire quarantaines et isolements à cinq jours"

Restauration, transports et métiers de la santé sont autant de secteurs qui, déjà, doivent composer avec de nombreux travailleurs à l'arrêt. Dès lundi, le secteur industriel devrait s'y ajouter: "Beaucoup d'entreprises rouvrent aujourd'hui après les fermetures des fêtes, notamment les manufactures horlogères. C'est ce lundi qu'on va constater l'ampleur des dégâts, y compris à cause de ceux qui sont partis à l'étranger et qui, pour rentrer, doivent effectuer un test PCR" susceptible de les envoyer en quarantaine, a averti lundi dans La Matinale de la RTS Robin Gordon, directeur général de la société de placement Interiman.

Des cadres envoyés faire du travail de nettoyage

"Nous allons devoir procéder à certains choix en matière de demandes, puisque certaines industries ne peuvent pas s'arrêter, comme la distribution et les transports. On ne peut pas simplement les mettre à l'arrêt à cause des quarantaines", poursuit le patron d'Interiman.

Du côté des patrons, il faudra donc jongler avec les absences. "On n'a pas beaucoup de personnel sur qui ont peut compter pour faire des remplacements. On doit donc jongler avec de multiples casquettes", explique Yaëlle Blanc, à la tête d'une entreprise de nettoyage. Elle confie avoir demandé à ses responsables et cadres d'aller faire le travail pour que les besoins de la clientèle puissent être satisfaits.

Absences physiques problématiques dans l'industrie

Dans de nombreux secteurs, le télétravail est souvent impossible, à l'instar de l'industrie des machines. "Tout le monde est un peu sur le pied de guerre. Quand on a quelques absents, comme chaque hiver, on fait un petit peu de gymnastique pour faire face à la situation. Malheureusement, aujourd'hui, on a un nombre de malades ou de personnes en quarantaine supérieur à la moyenne. Et comme l'industrie travaille pas mal en présentiel, les absences physiques impactent directement l'état de l'activité économique", a résumé le membre d’economiesuisse et vice-président de Swissmem (faîtière de l'industrie des machines) François Gabella lundi dans La Matinale.

Concrètement, les entreprises privilégient les activités critiques, notamment la livraison. Elles recourent un peu plus aux heures supplémentaires et rappellent des personnes qui sont en congé. "Ce sont des mesures transitoires qui peuvent fonctionner un certain temps. Par contre, si cette situation venait à s'éterniser, ça deviendrait plus problématique", s'inquiète l'ancien patron, toujours au conseil d'administration de l’entreprise électronique LEM.

Si la situation venait à s'éterniser, elle deviendrait plus problématique pour de nombreuses entreprises

François Gabella, vice-président de Swissmem

Jusqu'ici, pourtant, le tissu économique suisse a bien réagi au Covid et s'est très vite redressé, plus vite que ses voisins et concurrents européens par exemple. "Ce serait très dommage d'annuler cet effet positif qu'on a observé récemment", souligne François Gabella. Il se dit toutefois relativement optimiste quant à la suite de la crise sanitaire et s'attend à une normalisation des différentes vagues, potentiellement moins virulentes que les précédentes.

"On pourrait faire mieux" avec les quarantaines

Pour lui, alléger les quarantaines est une piste "intéressante, qui permettra probablement de juguler une partie des tensions" observées dans les entreprises, en particulier les plus petites, qui ont moins de marge de manoeuvre pour réaffecter leur personnel d'un secteur à un autre. "Il y a un consensus scientifique qui se dégage pour dire qu'on pourrait faire mieux", avance le vice-président de Swissmem, sans pour autant articuler le nombre de jours de quarantaine précis qui ferait le bonheur de l'industrie.

Alléger les quarantaines est une piste intéressante, qui permettra probablement de juguler une partie des tensions

François Gabella

Si l'économie suisse a bien surmonté la crise jusqu'ici, c'est aussi parce qu'elle a "très bien respecté les règles sanitaires", comme l'ont montré "les 4000 enquêtes et inspections de la SUVA", pointe François Gabella. "Pas par amour des règles sanitaires, mais simplement parce que les entreprises ont compris que jouer avec ces règles créait des clusters et pénalisait leur activité toute entière."

L'ex-patron se montre plutôt optimiste pour 2022: "Sans accrocs majeurs, comme pourrait l'être une augmentation de l'inflation (...), je pense qu'on est sur la bonne route", même si, pour l'industrie des machines, l'approvisionnement et le coût des matières premières provoquent l'inquiétude. "Il y a pénurie d'un certain nombre de composants, renforcée par une panique d'un certain nombre de clients, qui surcommandent. Mais les experts s'accordent à dire qu'on va vers une normalisation dans la deuxième partie de cette année, voire le premier trimestre de l'année suivante. Je ne suis pas trop inquiet là-dessus."

>> L'interview de François Gabella dans La Matinale :

L'invité de La Matinale (vidéo) - François Gabella, membre du comité d'Economiesuisse
L'invité de La Matinale (vidéo) - François Gabella, membre du comité d'Economiesuisse / La Matinale / 10 min. / le 10 janvier 2022

Propos recueillis par Julien Bangerter

Adaptation web: Vincent Cherpillod avec gr

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"On devrait aller beaucoup plus loin" pour pénaliser les non vaccinés

"Je ne vais pas me faire des amis, mais on devrait aller beaucoup plus loin" pour pénaliser les non vaccinés, insiste aussi François Gabella, qui fustige la pression que cette minorité de la population exerce sur le système de santé. Sans aller jusqu'à l'obligation vaccinale, il souhaite "un confinement et une mise à l'écart beaucoup plus sérieuse" des personnes non-vaccinées, et réclame qu'ils paient les coûts qu'il engendrent.

"Il est absolument inacceptable que la collectivité prenne en charge des coûts liés à une telle irresponsabilité", tonne-t-il, "alors qu'aucune étude scientifique, après 11 milliards de doses injectées, ne démontre une dangerosité du vaccin supérieure à la non-vaccination".

Il est absolument inacceptable que la collectivité prenne en charge les coûts liés à une telle irresponsabilité

François Gabella