Les véhicules hybrides rechargeables sont une arnaque, affirme une étude valaisanne
Ce rapport d'Impact Living, une entreprise qui vise l'accélération de la transition énergétique, se concentre sur les véhicules équipés d'un moteur thermique traditionnel et d'un moteur électrique, avec une batterie rechargeable à la prise. Il conclut que ces voitures, présentées comme un premier pas vers l'électrique, constituent en réalité un "piège climatique", puisqu'elles augmentent les émissions au lieu de les réduire.
Une arnaque
Les véhicules hybrides sont une arnaque. L'étude ne mâche pas ses mots. Et pour cause: selon elle, les véhicules analysés consomment 230% de plus en situation réelle que les valeurs annoncées par les constructeurs.
Marc Muller, fondateur d'Impact Living, parle de résultats alarmants. "Les véhicules hybrides sont souvent annoncés par les constructeurs comme des véhicules à 1,5 à 2,5 litres aux 100 kilomètres, mais dans la réalité, ils consomment entre 4 et 7 litres, comme des véhicules diesel", a-t-il expliqué mercredi dans La Matinale de la RTS.
Aucune amélioration
Il fustige aussi une "certaine complaisance, car plusieurs ONG avaient déjà alerté sur la question en soulignant qu'il n'y avait pas de données en Suisse, de mesures sur le terrain dans des conditions réelles, ce que l'on a fait maintenant".
Selon lui, il faut dire finalement aux garagistes, aux importateurs et aux constructeurs qui vendent ces véhicules qu'ils ne permettent aucune amélioration environnementale. "Pour moi, c'est une arnaque aux normes CO2, aux objectifs climatiques et aux consommateurs!".
Faible autonomie des batteries
Et d'ajouter que ces véhicules ont des très faibles autonomies sur les batteries. "Ils basculent donc rapidement sur le moteur à essence". Selon lui, les gens qui font de la montagne ou de l'autoroute roulent toujours avec le moteur à essence, "avec l'inconvénient qu'en plus, ils transportent une batterie et un moteur électrique".
Marc Muller en conclut qu'"à part pour certains tout petits trajets en ville, dans tous les cas la consommation est soit identique, soit supérieure à un autre véhicule à essence".
Les importateurs en profitent
Ces véhicules sont aujourd'hui considérés comme écologiques. Conséquence: chaque voiture de ce type vendue offre des "super crédits" aux importateurs suisses, c'est-à-dire la possibilité de vendre deux véhicules polluants en échange. "Cela leur permet d'esquiver les amendes", dénonce Marc Muller.
Pas besoin, pourtant, de revoir ce système, rétorque François Launaz, président d'AutoSuisse. Il s'agit simplement d'utiliser les hybrides correctement: "Quelqu'un qui charge sa voiture et va à son travail, et qui peut la recharger sur son lieu de travail, il l'utilise en mode électrique et à ce moment-là la voiture ne consomme strictement rien du tout. Il faut recharger la batterie, sinon vous roulez à l'essence, et les résultats de consommation ne sont pas bons".
Subventions supprimées
L'Etat du Valais, qui a financé l'étude d'Impact Living, en a déjà tiré les conséquences: il supprime les subventions aux véhicules hybrides rechargeables à la prise. Reste que ces mauvais résultats ont surpris Frédéric Favre, conseiller d'Etat en charge du dossier. "Nous pensions qu'ils allaient être meilleurs, parce qu'en Valais, quand vous êtes en montagne et que vous redescendez, ça recharge. Résultat: pas du tout, les résultats sont catastrophiques".
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Selon lui, cela remet en cause les bases fédérales sur lesquelles le canton du Valais s'est appuyé. "Quand vous donnez des 'super crédits' à des importateurs sur des véhicules, vous vous dites que c'est dans l'intérêt de la durabilité et de la transition énergétique. Or, on ne peut pas soutenir des outils qui ne permettent pas d'atteindre le but qu'on s'est fixé".
Pour être efficaces, ces véhicules dits "plug-in hybrid" (moteur thermique et batterie rechargeable par une prise) "doivent être rechargés extrêmement souvent, ce qui, en réalité, est rarement le cas". Donc ces automobiles "ne représentent qu'un avantage écologique très limité", reconnaît Daniel Schaller, spécialiste en efficacité énergétique des transports à l’Office fédéral de l'énergie, dans le 12h30.
Les programmes de subventions à l'achat de véhicules plus écologiques, qui concernent encore les hybrides, datent de 5 à 6 ans et "il s'agissait de sensibiliser les utilisateurs à des systèmes alternatifs. Mais étant donné la maturité du véhicule tout électrique, je crois qu'il est temps de remettre en question ces subventions". La décision valaisanne de ne plus promouvoir que les modèles totalement électriques va "probablement faire des émules", estime le spécialiste.
Sujet radio: Cléa Favre, Cynthia Racine
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz