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La compagnie Ryanair tacle Lufthansa dans la polémique sur les vols à vide

La compagnie irlandaise Ryanair tacle sa concurrente allemande Lufthansa dans la polémique sur les vols à vide. [AP - Arne Dedert]
La compagnie irlandaise Ryanair tacle sa concurrente allemande Lufthansa dans la polémique sur les vols à vide. - [AP - Arne Dedert]
"Larmes de crocodile": Ryanair a taclé sa concurrente allemande Lufthansa, lui suggérant de brader ses sièges pour récompenser les contribuables européens qui l'ont soutenue, plutôt que d'affirmer faire voler des avions à vide.

Lufthansa souhaite ainsi conserver ses créneaux aéroportuaires. "Ryanair a demandé aujourd'hui mercredi à la Commission européenne d'ignorer les fausses déclarations de Lufthansa concernant l'exploitation de 'vols fantômes' dans le seul but de 'bloquer' leurs créneaux horaires et de se protéger de la concurrence des compagnies aériennes à bas prix", a indiqué dans un communiqué la société irlandaise, coutumière de ces coups d'éclat en matière de communication.

Aides de 12 milliards

"La solution est simple: Lufthansa devrait vendre les sièges de ces vols à bas prix et récompenser les consommateurs européens, dont beaucoup ont financé les 12 milliards d'euros d'aides d'Etat que Lufthansa et ses filiales en Belgique, en Autriche et en Suisse ont déjà reçus des contribuables durement touchés au cours des deux dernières années de la crise de la Covid", a persiflé la spécialiste du "bas prix".

Et son PDG d'enfoncer le clou: "Lufthansa adore pleurer des larmes de crocodile sur l'environnement alors qu'elle fait tout pour protéger ses créneaux horaires. Les créneaux sont le moyen par lequel elle bloque la concurrence et limite le choix dans les grands aéroports", a affirmé Michael O'Leary, cité dans le communiqué.

Milliers de vols inutiles

Le PDG de la compagnie allemande, Carsten Spohr, avait averti le 23 décembre qu'il serait contraint d'effectuer "18'000 vols inutiles" durant l'hiver "uniquement pour conserver ses droits de décollage et d'atterrissage".

En temps normal, les règles européennes prévoient que les compagnies doivent utiliser au moins 80% des créneaux de décollage et d'atterrissage qui leur sont attribués dans les aéroports, sans quoi elles perdent leurs droits la saison suivante.

Ces règles ont été rendues inapplicables par la crise sanitaire qui a provoqué l'effondrement du trafic aérien depuis mars 2020, conduisant Bruxelles à les suspendre.

Règle jugée "irréaliste"

Depuis le 28 mars 2021, les compagnies sont tenues d'utiliser 50% de leurs créneaux de décollage et d'atterrissage pour pouvoir les conserver, mais ce niveau est jugé excessif par de nombreux acteurs d'un secteur aérien encore convalescent.

L'Association du transport aérien international (IATA), qui représente la grande majorité des compagnies, a notamment jugé "irréaliste" cette règle, alors que le variant Omicron a mis un nouveau frein aux réservations.

Mais pour l'association des aéroports européens ACI Europe, les mises en garde contre des "vols à vide" sont "sans lien avec la réalité" puisque les compagnies peuvent faire jouer une clause de "non-utilisation justifiée des créneaux".

La France va agir

Pour le ministre français délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, la déclaration du patron de Lufthansa, "seule compagnie à faire état d'une telle situation", s'explique par la volonté de peser sur les négociations relatives au niveau de ces créneaux pour la fin de l'année.

"Nous veillerons à ce qu'aucune compagnie européenne ne soit contrainte d'opérer des vols à vide. La présidence française de l'Union européenne vient de débuter. Nous n'hésiterons pas à agir", a promis Jean-Baptiste Djebbari dans une série de messages samedi sur Twitter.

afp/jpr

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