Le président de Credit Suisse démissionne après avoir violé les règles de quarantaine

António Horta-Osório, cité dans un communiqué diffusé dans la nuit de dimanche à lundi, dit regretter que certains de ses actes "aient entraîné des difficultés pour la banque et affecté sa capacité à la représenter en interne et en externe". Il a donc estimé que sa démission était dans l'intérêt du numéro deux bancaire suisse.

Selon une enquête du journal alémanique Blick, il était rentré de Londres à Zurich le 28 novembre. Avisé des règles de quarantaine mises en place par les autorités helvétiques la veille, le Portugais s'était renseigné sur la possibilité de raccourcir, voire de se faire libérer de la quarantaine.

Le canton de Schwyz, où réside António Horta-Osório, ainsi que la Confédération ont refusé de donner suite à cette demande. Mais le 1er décembre, il a pris un jet privé pour se rendre en Espagne, violant les règles de quarantaine. Il a ensuite poursuivi son voyage à New York pour une réunion du conseil d'administration. Le banquier aurait également enfreint les règles de quarantaine en vigueur en Grande-Bretagne.

Axel Lehmann comme successeur

La succession du Portugais est déjà réglée, précise le communique du CS. Le conseil d'administration a nommé avec effet immédiat le Suisse Axel Lehmann au poste de président du conseil d'administration. Il est immédiatement entré en fonction et sera proposé à l'élection en tant que président du conseil d'administration lors de l'assemblée générale du 29 avril.

Ancien membre du directoire d'UBS, Axel Lehmann a été élu membre du conseil d'administration de Credit Suisse en octobre 2021. Il a travaillé pendant près de 20 ans pour l'assureur Zurich Insurance. Il a actuellement des mandats auprès de plusieurs institutions académiques, notamment un poste de professeur titulaire à l'Université de Saint-Gall.

Enquête interne

En décembre, António Horta-Osório s'était excusé d'avoir, sans le vouloir, violé les règles de quarantaine de la Suisse. La banque avait lancé une enquête interne sur le comportement de son président, avaient alors déclaré trois personnes proches du dossier. Une équipe de la division juridique avait été mise en place par le conseil d'administration, avec l'appui d'António Horta-Osório, pour examiner le cas.

Un rapport a été établi et transmis au conseil d'administration avant Noël, a déclaré une autre personne. L'organe de surveillance devait décider s'il fallait donner suite.

Scandales à répétition

Cet incident est un nouveau coup dur pour Credit Suisse, puisque António Horta-Osório, nommé à la présidence de Credit Suisse à la fin avril 2021, avait été recruté pour remettre de l'ordre au sein du numéro deux bancaire helvétique, secoué par les scandales à répétition.

L'établissement a notamment été impliqué dans l'affaire des filatures, qui avait provoqué en février 2020 le départ du directeur général Tidjane Thiam. Ont suivi les déboires autour de Greensill et Archegos, qui ont provoqué d'importantes pertes, auxquels s'ajoute une affaire de crédits frauduleux octroyés au Mozambique.

Pour l'analyste financier Jérôme Schupp, il s'agira désormais pour le groupe Credit Suisse de restaurer la confiance des investisseurs. "Son titre a chuté en mars dernier après avoir perdu des milliards sur certains investissements, notamment pour un contrôle du risque plus que déficient", dit-il. La reconstruction de la confiance "prendra du temps" et devra se faire "sans taches".

>> L'interview de Jérôme Schupp, analyste financier :

RTS

ats/jpr