Modifié

La pandémie a accéléré certaines mutations du travail, mais d'autres sont à venir

Mutations dans le monde du travail: interview d’Anne Donou (vidéo)
Mutations dans le monde du travail: interview d’Anne Donou (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 17 janvier 2022
Ce n'est plus un secret pour personne, la pandémie a largement accéléré l'adoption du télétravail en Suisse. Mais elle s'inscrit également dans une dynamique plus large de mutations du monde du travail, dont les modèles classiques sont en train de changer.

Invitée lundi dans La Matinale, Anne Donou, directrice romande du cabinet de ressources humaines von Rundstedt, estime que l'essor du télétravail tel qu'il a été amené par la pandémie "n'est pas un changement suffisant".

"Finalement, on a juste téléporté le travail du bureau au domicile. Or, ce qui est attendu dans les changements, c'est que le travail change complètement dans sa forme et que chaque employé puisse travailler en tout temps et en toute heure", dit-elle.

Dans l'intérêt des travailleurs et de l'entreprise?

Face à ces évolutions, "il faut des garde-fous", concède-t-elle. Mais elle se dit opposée aux réglementations telles qu'elles ont été par exemple mises en place au Portugal pour encadrer la pratique et éviter d'engendrer un stress envahissant pour les travailleurs et les travailleuses.

>> Lire à ce sujet : Au Portugal, le droit à la "déconnexion" contre le télétravail envahissant

"Le problème, c'est que plus vous réglementez, plus les entreprises essaient de contourner les règlements", estime-t-elle. "L'intérêt, c'est d'avoir des discussions ouvertes et des consensus dans les entreprises, et que la flexibilité s'ajuste de manière beaucoup plus individualisée", estime-t-elle.

"Je pense qu'il faut passer par beaucoup plus d'individualisation. Là, on peut respecter le cadre et le rythme de chacun, pour autant que ça réponde à un objectif commun qui est l'objectif de l'entreprise", préconise-t-elle enfin.

Semaine de quatre jours

En outre, le modèle d'une semaine de quatre jours travaillés payée à temps plein fait désormais son chemin. De grandes entreprises internationales testent cette organisation. En Suisse, l'idée séduit également et certaines entreprises s'y essaient.

Mais il faut faire attention que ce modèle devienne "gagnant-gagnant", relève Anne Donou. "Le risque, c'est d'augmenter les cadences de travail sur une journée (...). Si les employés doivent travailler 12, 13, 14 heures par jour, la semaine de quatre jours n'aura absolument aucun bénéfice", prévient-elle.

L'idée est de d'accorder davantage de temps au repos et aux loisirs, mais pas seulement, selon la professionnelle de la branche. "Dans les années à venir, les gens vont devoir se former durablement et continuellement. Pour cela, vous avez aussi besoin de temps. Et ça, c'est prédominant pour conserver son employabilité, et surtout la développer".

>> Lire également : L'idée d'une semaine de travail de quatre jours fait son chemin en Suisse

Propos recueillis par Romaine Morard

Texte web: jop

Publié Modifié

Complications en vue pour le télétravail des frontaliers

Le travail à distance bénéficie d'un régime dérogatoire pour la durée de la pandémie. Cependant, il présentera certains écueils lorsque les règles ordinaires seront à nouveau appliquées, et notamment pour les travailleuses et travailleurs frontaliers.

Face aux multiples questions des entreprises, les associations économiques ont publié la semaine dernière un guide sur le télétravail frontalier. Car le télétravail va continuer de se développer, relève la directrice du service juridique à la Fédération des entreprises romandes Olivia Guyot Unger, qui a contribué à l'élaboration du manuel. "Une fois qu'on sera sorti du régime exceptionnel Covid, les règles ordinaires s'appliqueront", dit-elle.

"Dès que l'on effectue 25% de la totalité de ses heures de travail, on est assujetti à la sécurité sociale de son lieu de domicile. Il y a aussi des questions d'ordre fiscal, et il faut faire très attention, il y a une possibilité d'assujettissement à la fiscalité française dès la première heure de télétravail dans ce pays", détaille-t-elle lundi dans La Matinale.

>> L'interview d'Olivia Guyot Unger :

Un employé en télétravail. [Keystone - Christian Beutler]Keystone - Christian Beutler
Télétravail frontaliers / La Matinale / 1 min. / le 17 janvier 2022