Neji Mlaouhia est chauffeur de taxi à Genève. Il a toujours aimé la route, les longues courses de nuit dans toute la Suisse, comme les petits détours en ville. Mais depuis le début de la pandémie, lui qui a passé sa vie en mouvement ne fait désormais plus qu'attendre, souvent vainement, le client.
"Des fois, vous rentrez à la maison et vous êtes fatigué. Pas parce que vous avez trop conduit, ou tourné. Non, vous êtes fatigué parce que vous n'avez rien fait", souffle-t-il.
Voilà pour le psychologique. Et les finances ne se portent pas mieux. "C'était déjà compliqué avec la concurrence d'Uber. Mais depuis le Covid, c'est le KO total. Nos affaires sont anéanties".
Réduction de taxes
Les aides financières cantonales et fédérales, les fameux cas de rigueur, sont terminées depuis août dernier. Mais face à la persistance de la crise, le canton de Genève a mis en place cette semaine des mesures urgentes pour quelques secteurs.
Les hôtels et autres PME du secteur touristique bénéficient d'une réduction de 50% de la taxe de promotion du tourisme. Les taxis, eux, seront dispensés de payer la taxe de 1400 francs leur permettant d'utiliser les voies publiques. Pour le canton de Genève, cela représente une aide financière de 1,6 million de francs.
"C'est très bien, on les remercie beaucoup. Mais ça ne suffit pas du tout, c'est trop léger. Parce qu'il y a trop de restrictions et il n'y a pas de travail. Si vous allez à l'aéroport, il y a des taxis qui sont là depuis 4h30 du matin pour faire une à deux courses."
Neuchâtel au secours des boîtes de nuit
Dans le canton de Neuchâtel, on a choisi de voler au secours du monde de la nuit qui devenait bien morne et fatigué. Une trentaine d'établissements bénéficieront d'une aide à fonds perdu s'élevant à 1% du chiffre d'affaires annuel, mais au maximum 20'000 francs par demandeur.
"L'annonce du Conseil fédéral du 2G+ a sonné pour nous comme étant une entrave assez sérieuse par rapport au monde de la nuit en particulier", affirme le conseiller d'Etat neuchâtelois Alain Ribaux.
Le soutien particulier au monde de la nuit vient ainsi s'ajouter à l'aide qui avait déjà été accordée depuis septembre aux établissements fermés comme les fitness.
"On ne pourra pas soutenir les entreprises pendant 10 ans. Mais on pense que pour ce début d'année, il faut des soutiens qui soient quand même significatifs", souligne l'élu PLR.
Tenir un mois de plus
Pour Thomas Menant, le propriétaire d'un des clubs les plus connus de la ville, ces étrennes sont les bienvenues, d'autant qu'elles ciblent "pour une fois" uniquement le monde de la nuit. Mais elles ne lui permettront pas de reprendre intégralement son activité. Faute d'argent, il a dû prendre un second travail.
"C'est juste un petit pansement, ce n'est pas une somme qui nous sortira la tête de l'eau. Cela permet de tenir peut-être un mois de plus pour ceux qui sont vraiment au fond. Pour moi, ça ne suffit pas à couvrir un mois, mais je suis très content d'avoir déjà quelque chose", concède Thomas Menan.
Toutes ces entreprises frappées de plein fouet par les restrictions attendent impatiemment les annonces de la Confédération début février sur le retour des cas de rigueur, avec la crainte qu'ils sont bien plus contraignants cette fois-ci.
Crainte des fitness
Alain Ahmerd, représentant romand de la Fédération suisse des centres de Fitness et de santé, dénonce dans La Matinale l'introduction de nouveaux critères, comme le recours au chômage partiel (RHT) ou aux allocations perte de gain, pour prouver ses difficultés.
"C'est de nouveau une variante pour ne pas mettre la main au porte-monnaie car les petites structures et les fitness indépendants ont repris leurs employés dès qu'ils le pouvaient. Moi-même, je n'ai plus personne en RHT et cela veut dire que je n'aurai pas le droit à cette aide. On essaie d'enlever le RHT et on est puni pour ça."
Melchior Oberson, Feriel Mestiri