La spécialité des Serres du Marais, à Genève, est la tomate grappe cerise. Les plantes sont arrivées il y a trois semaines et la première récolte est prévue pour fin février. "Elles ont déjà bien poussé, parce qu'on a eu des jours assez ensoleillés ce début de janvier", affirme Alexandre Cudet, l'un des deux producteurs du domaine.
Le soleil du début d'année est bien la seule bonne nouvelle de 2022. Ses 60'000 m2 de serre sont chauffés au gaz, qui représente une part importante (22%) des coûts de production. Or, pour cet agriculteur, le prix du gaz a augmenté de 30% ces derniers mois.
Mais ce n'est pas tout. "On ne plante pas les plantes dans la terre, mais dans un substrat dont le prix a augmenté d'environ 15%. La ficelle sur laquelle on les fait pousser s'est également renchérie de 27%. Et cette petite attache, qui permet de tenir la ficelle, a augmenté aussi d'environ 15%. L'engrais, c'est 50% de plus. La barquette en carton, qui remplace la barquette plastique dont plus personne ne veut, nous coûte également 15 à 20% plus chère", énumère le maraîcher.
Au final, une tomate suisse version 2022 coûte 12% de plus à produire.
Répercussion sur le consommateur
Cette augmentation est liée directement à la situation économique mondiale. "Il y a d'abord les coûts de transport qui augmentent, car une partie des produits dont on a besoin viennent de Chine ou d'Asie. Or, les containers ne sont plus disponibles et il y a des congestions au port. Ensuite, le prix de l'énergie a pris l'ascenseur. Par répercussion, tout ce qui est à base de plastique a pris l'ascenseur également", explique Xavier Patry, le directeur de l'Union maraîchère genevoise.
Le producteur n'a donc pas le choix: "Je dois augmenter mon prix de vente. Il va falloir que je couvre ces frais supplémentaires. Les marges sont déjà tellement fines", souligne Alexandre Cudet.
C'est donc le consommateur qui va payer plus cher cette année s'il veut consommer des produits suisses. La barquette de 500 g de tomates cherry payée 5,50 francs l'an passé coûtera donc plus de 6 francs cet été.
Envisageable pour les distributeurs
"S'il (le consommateur) est conscient que ce n'est pas seulement son téléphone portable, ses plaquettes de frein ou son coiffeur qui a augmenté, mais que c'est également la tomate, l'aubergine ou la salade, on peut envisager de passer une grosse partie, voire la totalité de ces coûts aux consommateurs", estime le directeur de l'Union maraîchère genevoise.
Les distributeurs que nous avons contactés nous confirment qu'une hausse de prix est à prévoir, tout en précisant que la priorité restera de se fournir le plus possible en Suisse.
Delphine Gianora / fme