L'économie suisse a terminé l'année 2021 sur une croissance de 3,5%. Les prévisions la donnaient en perte de vitesse en fin d'année, mais l'institut BAK Economics vient de relever ses prévisions pour 2022.
Selon lui, les assouplissements des mesures sanitaires devraient lui permettre de dépasser les 3% de croissance. De plus, les pénuries de personnel provoquées par les quarantaines et isolements ont globalement eu des effets limités sur les chiffres d'affaires des entreprises, selon l'institut KOF.
Mais la Suisse n'est pas hermétique aux tendances qui traversent le reste de l'économie mondiale, même si jusqu'à présent elle encaisse mieux les coups. L'une de ces principales tendances, c'est le renchérissement des matières premières à l'échelle globale, en raison des pénuries liées à la forte reprise de la demande et à l'inflation.
Surchauffe immobilière
Cette dernière inquiète particulièrement les instances économiques américaines. La hausse des taux directeurs de la banque centrale (Fed) est imminente aux Etats-Unis, la Banque centrale européenne (BCE) devrait aussi changer de chemin. Et, dans cette dynamique, la BNS pourrait également mettre fin aux taux négatifs plus vite que prévu.
La hausse du prix des matières premières est une grosse préoccupation pour nos industries, qui le répercutent de plus en plus sur les clients. Mais pour l'instant, pas d'effondrement de la demande. Car en parallèle, le franc suisse reste une monnaie solide. Or, une monnaie forte, ce sont des importations moins chères, et donc des prix finaux qui peuvent être contenus.
En Suisse, l'inquiétude concerne en revanche une surchauffe bien réelle: celle de l'immobilier. Le volume des prêts hypothécaires et les prix augmentent beaucoup trop vite par rapport aux revenus des ménages. Ainsi, le Conseil fédéral et la BNS ont décidé en janvier de réactiver et de relever le volant anticyclique de fonds propres. Ce mécanisme impose aux banques de d'augmenter leur capital propre face aux risques croissants sur le marché hypothécaire.
Et si la Banque nationale devait relever rapidement ses taux d’intérêt, certains de ces ménages pourraient ne plus pouvoir payer leur hypothèque.
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Éponger l'ardoise du Covid
Enfin, la Confédération devra chercher à absorber au mieux les 12 milliards de francs de déficit budgétaire enregistrés l'an dernier en raison de la pandémie. Mais elle devra le faire sous la pression de la droite, qui cherche à poursuivre l'allégement de la fiscalité des entreprises.
L'échec dans les urnes de la suppression du droit de timbre pour l'émission de capital propre rappelle l'âpreté de la bataille politique qui se joue: la droite veut réduire encore les impôts pour attirer les investissements; la gauche entend freiner ces velléités dans l'optique de préserver la justice fiscale.
Quel que soit le chemin, une échéance se rapproche: celle de 2023 et de l'entrée en vigueur prévue de l'impôt minimal mondial de 15% sur les multinationales.
Frédéric Mamaïs/jop