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Les casseroles de Credit Suisse qui en font une proie facile

La valeur boursière de Credit Suisse s'est effondrée depuis des années, au point d'être largement distancé par son concurrent UBS. [Keystone/RTS]
La valeur boursière de Credit Suisse s'est effondrée depuis des années, au point d'être largement distancé par son concurrent UBS. - [Keystone/RTS]
Credit Suisse est considéré comme l'un des deux géants bancaires suisses, mais il mérite de moins en moins ce titre. Sa valeur boursière s'est effondrée depuis des années, au point d'être largement distancé par son concurrent UBS. Le numéro deux helvétique serait même devenu une proie potentielle.

La banque fondée en 1858 par Alfred Escher n'est plus que l'ombre d'elle-même, alors qu'elle rivalisait quasiment d'égal à égal avec UBS il y a peu. Ce vendredi, lors de son assemblée générale, ses actionnaires ont refusé de donner décharge au conseil d'administration. Une première dans l'histoire de Credit Suisse, qui engage juridiquement la responsabilité des dirigeants et du conseil d'administration sur l'ensemble des décisions prises durant l'exercice 2020.

Des décisions, mais aussi des investissements réalisés sous la présidence d'Urs Rohner, lui ont fait perdre toute confiance auprès des actionnaires.

>> Les précisions du 19h30 au sujet de l'assemblée générale de Credit Suisse :

Les actionnaires de Credit Suisse ont refusé de donner décharge au conseil d'administration pour l'exercice 2020
Les actionnaires de Credit Suisse ont refusé de donner décharge au conseil d'administration pour l'exercice 2020 / 19h30 / 2 min. / le 29 avril 2022

>> A lire : Les actionnaires de Credit Suisse refusent la décharge pour 2020

Une longue liste de casseroles

Les dernières raisons expliquant une telle défiance remontent à la débâcle du fonds spéculatif Archegos et des fonds de financement exploités avec la société Greensill Capital en faillite. L'affaire Greensill, puis la faillite d'Archegos, dont le fondateur vient d'être inculpé à New York pour fraude, ont engendré à la banque une perte estimée entre 5 et 10 milliards de francs. Ces deux affaires font encore l'objet de plusieurs enquêtes de l'autorité suisse de surveillance des marchés financiers (Finma).

Cette débâcle n'est que le dernier épisode d'une longue série de casseroles que traîne la deuxième banque de Suisse depuis une quinzaine d'années. Des amendes qui se comptent en milliards de francs, l'affaire des filatures, ou encore des relations douteuses avec la mafia bulgare, dont le procès s'est ouvert en février, sans oublier les révélations du consortium international de médias, baptisées "Suisse Secrets".

A ces scandales est venu s'ajouter en ce début d'année le départ du controversé président António Horta-Osório, qui a démissionné après avoir enfreint les règles de quarantaine. Ce mardi, ce sont quatre membres de la direction du groupe qui sont écartés pour leur mauvaise gestion des risques, dont Romeo Cerutti, le directeur juridique.

>> Relire : Le comité des risques de Credit Suisse secoué par les débâcles Greensill et Archegos

Chute de la valeur du titre

Ces affaires qui s'enchaînent et qui écornent la confiance des investisseurs se reflètent aussi sur la valeur du titre boursier. En 2015, l'arrivée du nouveau patron Tidjane Thiam avait permis aux actionnaires d'espérer voir le titre remonter. Mais l'espoir a été de courte durée et la courbe n'a fait que regarder le plancher. L'action Credit Suisse, qui s'échangeait jusqu'à 87 francs en 2007, ne vaut aujourd'hui que 6,70 francs.

"Une proie facile"

En capitalisation boursière, Credit Suisse ne vaut plus que 17,8 milliards de francs, loin des près de 90 milliards que valait la banque avant la crise des subprimes. Pour François Savary, responsable des investissements chez Prime Partners, à ce prix-là, le constat est clair: "c'est une proie facile".

Malgré la perte annuelle de 1,57 milliard de francs en 2021, Credit Suisse renferme une pépite pour un éventuel repreneur: "La gestion de fortune est extrêmement intéressante pour les concurrents qui veulent se renforcer sur ce domaine d'activité", affirmait l'analyste, dans un sujet du 19h30 diffusé en février (à voir ci-dessous).

La gestion de fortune pèse plus de 800 milliards de fonds sous gestion pour Credit Suisse, qui reste un des leaders mondiaux du secteur. De quoi susciter des convoitises, malgré ses problèmes de gestion des risques.

Credit Suisse restera-t-il helvétique?

En analysant le titre de Credit Suisse, Eric Dor, directeur des études économiques et professeur à l'IESEG School of Management de Paris et Lille, s'aligne sur l'avis de François Savary. La banque peut "être acquise à bon prix et peut attirer les convoitises de certaines grandes banques européennes, qui sont ouvertes à une consolidation transfrontalière".

Selon lui, des banques comme la Deutsche Bank en Allemagne ou UniCredit en Italie pourraient montrer leur intérêt.

Secouée par ses erreurs, par les crises financières et par l'arrivée des fintechs, le numéro deux bancaire suisse pourrait ainsi passer en main étrangère. Un rachat en Suisse semble peu probable, selon les deux experts, car une fusion avec UBS poserait des problèmes au régulateur en terme de concurrence. Si rachat il y avait, la banque helvétique passerait probablement en main européenne.

>> Revoir les explications du 19h30 sur l'action Credit Suisse :

Prise dans la tourmente, l'action du Credit Suisse à la baisse
Prise dans la tourmente, l'action du Credit Suisse à la baisse / 19h30 / 1 min. / le 23 février 2022

Feriel Mestiri

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