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Swisspeace et des lobbyistes travaillent à lisser l'image de Solway

Le journaliste François Rüchti a enquêté sur la mine russo-suisse au Guatemala
Le journaliste François Rüchti a enquêté sur la mine russo-suisse au Guatemala / Mise au point / 2 min. / le 6 mars 2022
La fondation Swisspeace et des lobbyistes travaillent ensemble pour améliorer la réputation du groupe minier et métallurgique Solway. Cette multinationale suisse, opérant originellement en Russie, est au cœur d'un conflit avec des populations indigènes au Guatemala.

Swisspeace se bat depuis des années en faveur de la paix, notamment avec l'organisation de conférences entre pays belligérants. Financée en partie par la Confédération, cette fondation a la réputation d'être un négociateur neutre et discret.

Pourtant, l'organisation a choisi son camp dans le conflit qui oppose une mine de nickel face à une communauté indigène au Guatemala. Elle est payée par Solway, le groupe financier russo-suisse basé à Zoug qui détient la mine.

Un contrat surprenant

Dans le cadre de Forbidden Stories, un groupe de journalistes qui aide des collègues en difficulté, l'émission de la RTS Mise au Point a pu avoir accès à un contrat signé en 2019 entre Solway et Swisspeace. Le document est plutôt surprenant.

Le contrat est proposé par trois associés qui n'ont rien en commun. Swisspeace est partenaire des agences Enemco et FurrerHugi. Ces lobbyistes influents n'ont pas la même réputation, ni les mêmes objectifs que Swisspeace. FurrerHugi est une entreprise de lobbyisme très influente, bête noire des militants de l'initiative pour des multinationales responsables refusée en 2020.

Le contrat propose d'améliorer l'image de Solway et offre des solutions clefs en main pour le Guatemala. Ces mesures sont nommées "Quick fixes" (solutions rapides). Elles ont comme objectifs d'aider à détendre les situations de crise entre la mine et la population locale.

Pots-de-vin

Le problème, c’est que l’enquête de Forbidden Stories et de la RTS a montré que la mine utilise des moyens discutables face à la population indigène. Les filiales de Solway ont notamment payé des pots-de-vin et dissimulés des contaminations de l'environnement. Des informations que Solway réfute en bloc.

>> Lire aussi : Les secrets du géant russo-suisse des matières premières Solway au Guatemala

Le directeur de Swisspeace, Laurent Goetschel, ne craint pas le dégât d'image pour la fondation. Il explique que le contrat a évolué. Le travail de Swisspeace est actuellement de conseiller politiquement et juridiquement la multinationale.

"Nous essayons de conseiller au mieux Solway pour se conformer aux normes internationales. La pratique des pots-de-vin n'est pas un comportement louable et il est clair que nous devons travailler sur ces questions, mais ce n'est pas notre mandat avec Solway. Nous ne regardons pas les comportements individuels des filiales de Solway. Nous faisons des recommandations globales. Nous ne pouvons pas forcer Solway de suivre nos conseils."

Un partenariat "gagnant-gagnant"

Au total, Swisspeace travaille pour une dizaine d'entreprises privées dans le monde. Ces mandats avec le secteur privé représentent environ 5% du budgets de la fondation Swisspeace. D’autres ONG sont plus actives dans le domaine des partenariats public-privé.  Le WWF et le Sierra Club font parties des pionniers de ces coopérations.

Ce type de partenariat est décrit sur le papier comme win-win. D'un côté pour les ONG, c'est de l'argent et un impact direct sur les entreprises. De l'autre, les multinationales ont la possibilité d'améliorer leur réputation, parfois à bon compte, sans nécessairement réaliser des changements de politique d'entreprise. Ces partenariats, un mélange des genres qui n'est pas toujours gagnant-gagnant sur le terrain.

François Ruchti, en collaboration avec Forbidden Stories

>> Voir aussi le reportage de Mise au Point :

Les drôles de méthodes d’une multinationale suisse au Guatemala
Les drôles de méthodes d’une multinationale suisse au Guatemala / Mise au point / 10 min. / le 6 mars 2022
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