Selon le quotidien britannique, les documents détruits à la demande de Credit Suisse montreraient que la deuxième banque helvétique a accordé des prêts à des oligarques russes au mépris des sanctions internationales.
Dénonciation pénale auprès du MPC
Et pour le conseiller aux Etats socialiste genevois Carlo Sommaruga, il s'agit de faire toute la lumière sur ces accusations. Il a donc déposé mercredi une dénonciation pénale auprès du Ministère public de la Confédération.
"Le Financial Times a révélé que Credit Suisse s'était adressé à nombre de personnes et d'entités pour détruire les documents qui montraient quels étaient les biens donnés en gage par les oligarques pour obtenir des crédits", a-t-il expliqué jeudi dans le 12h30 de la RTS. "Ce sont des biens comme des jets, des yachts ou de l'immobilier mis en gage pour obtenir en contrepartie des prêts", a-t-il précisé.
Protéger les oligarques et la banque
Problème: ces biens passent souvent au travers de sociétés écran et de sociétés offshore. "Ce sont elles qui ont les documents", a souligné Carlo Sommaruga. "Et le message de Credit Suisse s'adressait à ces opérateurs-là avec un double objectif: protéger les oligarques de cette saisie et surtout protéger ses propres intérêts". Il s'agissait d'éviter que les prêts ne soient plus garantis par des valeurs sûres.
"Je considère que cette mesure est destinée à empêcher la mise en oeuvre des sanctions décrétées tant par l'Union européenne que par la Suisse", a souligné le parlementaire genevois. "Et je considère que le Ministère public de la Confédération doit clairement faire la lumière sur ce type d'agissements".
Réponse de Credit Suisse
Credit Suisse a pris position en indiquant que sa demande "adressée aux investisseurs non participants de supprimer ou de restituer les documents relatifs à cette transaction était, comme le veut la pratique du marché, stipulée dans l'accord de non-divulgation. Les documents partagés avec les investisseurs ne contenaient pas de noms de clients et/ou de caractéristiques d'identification des actifs, en raison de la nature "blind pool" de la transaction. Ils contenaient plutôt des statistiques de portefeuille et des modèles de performance en rapport avec les positions de bilan sous-jacentes".
La banque affirme également n'avoir supprimé aucune données relatives aux clients ou autres. "Il n'y a absolument aucun lien avec l'introduction récente de sanctions supplémentaires, qui sont entièrement respectées par la banque", précise-t-elle.
Sylvie Belzer/oang