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Le prix de l'essence en Suisse pourrait s'envoler à 3 francs par litre

Le prix de l'essence à la pompe a fortement augmenté en Suisse. [Keystone - Christian Beutler]
Les banquiers travaillent sur plusieurs scénarios pour le prix de l'essence / La Matinale / 1 min. / le 9 mars 2022
Le prix de l'essence pourrait fortement augmenter en Suisse en raison de la guerre en Ukraine et des démarches occidentales contre les hydrocarbures russes. Selon plusieurs experts, le prix à la pompe pourrait même atteindre 3 francs par litre.

Les Etats-Unis ont annoncé mardi un embargo sur les importations de pétrole et de gaz russes. Le Royaume-Uni fera de même pour le pétrole en provenance de Russie d'ici la fin de l'année.

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Ces sanctions font grimper encore un peu plus le prix du pétrole. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, le plus échangé à Londres, a clôturé mardi en hausse de 3,87%, à 127,98 dollars. A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) avec échéance en avril a terminé en progression de 3,60%, à 123,70 dollars.

Le prix du litre d'essence à la pompe va donc lui aussi prendre l'ascenseur, alors qu'il coûte déjà souvent plus de 2 francs en Suisse. Les records de juillet 2008 sont en passe d'être dépassés.

Plusieurs scénarios

Les banquiers travaillent aujourd'hui sur plusieurs scénarios. L'un de ceux-ci prévoit même un prix de 3 francs par litre d'essence. Ce n'est pas encore le cas, mais les experts sont unanimes: cette projection n'est pas exagérée, comme l'explique Frédéric Potelle, directeur de la recherche à la banque Bordier.

"Le prix de l'essence intègre le prix du pétrole, du raffinage et d'un certain nombre de taxes. La sensibilité du litre d'essence à l'augmentation du prix du pétrole est la suivante: en gros, pour dix dollars de hausse du prix du baril, on va se retrouver à la pompe avec dix centimes de hausse sur le prix de l'essence", indique le spécialiste.

Chute de la demande?

En cas d'augmentation des prix à 2,5 voire 3 francs le litre d'essence, le pouvoir d'achat va évidemment en prendre un coup. Mais jusqu'où les consommateurs peuvent-ils tenir? Giacomo Luciani, professeur adjoint à l'Institut des hautes études internationales et de développement à Genève (IHEID), ne pense pas que la demande va s'écrouler pour autant.

"On a beaucoup exploré la possibilité d'un prix maximum, le point au-delà duquel la demande s'effondre. Il n'y aura pas un tel point. Mais à moyen terme, les consommateurs peuvent acheter des voitures moins gourmandes, se déplacer dans une maison un peu plus petite et surtout changer leur système de chauffage", souligne-t-il.

Avec une telle hausse des prix de l'énergie, les investisseurs craignent des répercussions en cascade sur l'économie européenne. Le spectre d'une possible récession plane aussi dans l'air.

Dominique Choffat/gma

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