Le droit de l'Union européenne oblige un Etat membre à fournir du gaz à un autre Etat membre voisin en cas de pénuries graves. L'Allemagne et l'Italie sont ainsi actuellement en discussion en vue d'un accord d'entraide mutuelle.
Et comme ce gaz circulerait via la Suisse, cela permettrait de l'approvisionner au passage. C'est en tout cas le souhait de Simonetta Sommaruga. La conseillère fédérale a même affirmé que l'Allemagne était prête à inclure la Suisse dans l'accord.
Obligation d'adapter la législation suisse
Mais tout n'est pas si simple. D'abord, Berlin et Rome n'ont aucune obligation d'intégrer la Suisse, qui n'est pas membre de l'Union européenne. Ensuite, et selon le TagesAnzeiger, l'Allemagne et l'Italie exigeraient que Berne adapte sa législation pour correspondre au droit européen en la matière. Car l'Europe différencie les clients gaziers protégés (les ménages privés), mais aussi des services vitaux non-protégés (comme les hôpitaux). En dernier recours, l'approvisionnement n'est assuré qu'aux clients protégés. Or, une telle distinction n'est pas définie en Suisse.
Le dossier, en tout cas, est suivi de près aux Chambres fédérales. La gauche comme la droite soutiennent un tel accord. Mais pour la Verte Delphine Klopfenstein, il s'agit d'une mesure à très court terme. "Le gaz reste une énergie fossile, au même titre que le pétrole", a-t-elle rappelé mardi dans La Matinale de la RTS. Elle est moins polluante, mais reste une énergie fossile avec un impact carbone.
Une nécessaire phase de transition
"On doit s'en émanciper, on doit saisir cette occasion aujourd'hui pour le faire rapidement", a souligné la conseillère nationale genevoise. "Ça va passer par un investissement massif dans les énergies renouvelables, mais aussi à travers des économies d'énergie."
Chauffer moins les bâtiments et les rendre plus efficients: le libéral-radical Jacques Bourgeois est d'accord mais estime que la Suisse doit malgré tout investir dans des infrastructures gazières. Il estime qu'il faudrait deux à trois centrales à gaz d'appoint "pour éviter toute pénurie et permettre d'assurer la sécurité approvisionnement". C'est à son avis le point central, prioritaire. "Mais c'est vraiment en dernier recours", précise-t-il, "et cela aura un coût", estimé entre 700 et 900 millions de francs.
Le gaz représente aujourd'hui 15% des besoins énergétiques de la Suisse, dont la moitié provient de Russie.
Valentin Emery/oang