En matière de livraisons, les brasseries suisses affrontent une situation tendue depuis quelque temps déjà, note Marcel Kerber, directeur de l'Association suisse des brasseries.
Outre les effets liés à la pandémie de Covid-19, le phénomène illustre aussi les conséquences du blocage du canal de Suez, et depuis peu celles de la guerre en Ukraine. Le conflit entraîne notamment une hausse des prix d'un ingrédient de base de la bière, à savoir les céréales. Selon Commerce Suisse, l'Ukraine assure ainsi à elle seule 18% de la production mondiale d'orge.
Ce renchérissement est en outre aggravé par la hausse du prix des engrais et les mauvaises récoltes de l'an dernier.
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Augmentation généralisée des prix
Au renchérissement des matières premières vient s'ajouter celui de l'énergie. Les diverses étapes de la production de bière, comme le maltage des céréales, la fabrication du moût, la fermentation, le refroidissement et l'embouteillage se révèlent très énergivores, explique Gaby Gerber, responsable de la communication du brasseur argovien Feldschlösschen. Parmi les producteurs de biens de consommation, les brasseurs figurent au rang des acteurs les plus touchés par l'augmentation des prix de l'énergie, ajoute-t-elle.
De plus, les canettes en aluminium, les couvercles, les étiquettes et les bouteilles en verre sont également devenus plus chers. "Les augmentations de prix dans les différents secteurs varient entre 10 et 400%", poursuit Gaby Gerber. Et le fait que ces fortes variations interviennent à de brèves intervalles représente un défi supplémentaire à relever.
Une évolution que confirme Reto Preisig, directeur général de la brasserie st-galloise Schützengarten, évoquant "des chaînes de création de valeur bouleversées". Depuis le début de l'année, nombre de fournisseurs de bouteilles, cartons et autres bouchons ont augmenté leurs prix.
Répercussion des coûts
Tôt ou tard, ces coûts de production plus élevés vont peser sur les prix de vente. "Dans la phase actuelle, nous voulons éviter les augmentations de prix, car celles-ci toucheraient le plus durement la gastronomie, branche qui a déjà beaucoup souffert", relève Reto Preisig. Mais la branche brassicole ne peut pas supporter à elle seule de telles perturbations à plus long terme.
Selon la faîtière, la rapidité et l'ampleur des augmentations de prix de la bière dépendront étroitement de l'évolution future des coûts de l'énergie. Mais les incertitudes concernant la durée de la guerre en Ukraine et le rendement de la récolte de l'année en cours rendent les prévisions difficiles.
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Les perturbations actuelles ne devraient cependant pas entraîner de pénurie. "Etant donné que les brasseries s'appuient sur des contrats de livraison à long terme, on ne constate pas de pénurie pour le moment", indique Marcel Kerber.
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