La Suisse et les autres Etats membres de l'AELE (Norvège, Islande, Liechtenstein) annonçaient en août 2019 un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, le marché commun sud-américain, après deux ans de négociations.
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Le conseiller fédéral Guy Parmelin, en charge de l'Economie, évoquait alors "un potentiel énorme". Cet accord permettrait en effet à 95% des exportations suisses de bénéficier de taxes réduites.
Le Conseil fédéral visait alors une ratification de l'accord par le Parlement en 2021. Mais depuis, le dossier semble au point mort.
Le Secrétariat à l'économie (SECO) a indiqué à la RTS que "le travail se poursuit même si le processus de finalisation juridique de l'accord a pris du retard". Le SECO admet toutefois "qu'il est difficile d'estimer quand l'accord pourra être signé".
L'exemple de l'Ukraine nous montre qu'il faut avoir une diversification des pays de livraison des biens agricoles
Un tel accord est important au vu du contexte des échanges actuels, a affirmé dans La Matinale de vendredi Jan Attelsander, membre de la direction d'Economiesuisse: "C'est important pour un petit pays ouvert comme la Suisse d'avoir une diversification de nos relations économiques internationales. Le Mercosur est un marché en pleine croissance. De plus, l'exemple de l'Ukraine nous montre qu'il faut avoir une diversification des pays de livraison des biens agricoles".
La situation que nous vivons est le moment idéal pour réfléchir à plus long terme à l’agriculture que nous voulons: une relocalisation de la production et de la consommation
A l’inverse, Isolda Agazzi, responsable de la politique commerciale au sein de l’ONG Alliance Sud, fait une toute autre lecture des conséquences commerciales de la guerre en Ukraine et de la pertinence d’accords de libre-échange. "Les chaînes globales de productions sont interrompues, notamment pour les céréales. C’est un modèle agricole qui s’effondre. Ces grandes transactions où l’on vend de la viande ou du soja à bas prix, au détriment des paysans d’Amérique du Sud et de l’environnement, n’est plus ce qu’il nous faut. La situation que nous vivons est le moment idéal pour réfléchir à plus long terme à l’agriculture que nous voulons: une relocalisation de la production et de la consommation".
Plusieurs raisons à ce retard
La pandémie a évidemment limité la possibilité de contacts entre négociateurs, mais le SECO avance deux autres raisons principales pour expliquer ce retard. Tout d'abord, l'Argentine a connu un changement de gouvernement avec un nouvel exécutif de centre-gauche, moins emballé par cet accord.
D'autre part, l'Union européenne travaille elle aussi – en parallèle de l’AELE - à un possible accord avec le Mercosur. Les négociations sont très serrées, les Européens voulant des garanties en matière d'écologie et de lutte contre la déforestation de l’Amazonie.
En Suisse aussi, une alliance formée d'ONG et des milieux agricoles demandent des garanties.
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Julien Bangerter