A l’heure du bitcoin et autres monnaies virtuelles, les Vrenelis, ces pièces de collection en or, sont toujours très convoités. Les Suisses sont nombreux à en avoir un qui dort dans un tiroir, offert par un parrain ou une marraine bien intentionné. Produit entre 1911 et 1922, le Vreneli de 10 francs porte à l'avers un buste féminin regardant vers la gauche, coiffé d'une tresse et les épaules entourées d'une couronne d'edelweiss. Cette pièce est la petite sœur du légendaire Vreneli de 20 francs en or. Au total, 2,65 millions de pièces ont été frappées. Le site Swissmint de la Confédération met en vente dès mercredi 8h une pièce en or commémorative du fameux Vreneli de 10 francs, d'une valeur nominale légale de 50 francs. En référence à la dernière frappe réalisée, l'avers porte le chiffre 100, les deux zéros se chevauchant.
A l'origine, en 1895, ces pièces sont lancées comme moyens de paiement. Elles sont en or car une valeur de 10 ou 20 francs est considéré à la fin du 19e siècle comme une "grosse coupure". Au-dessous de cette valeur, elles sont fabriquées en argent. Les Vrenelis déclenchent d’ailleurs une polémique lors de leur lancement: la personnification féminine de la Confédération, cette "Marianne suisse", est jugée trop jeune et trop exaltée pour une Mère de la Nation. Certains auraient préféré y voir Guillaume Tell. Mais les pièces plaisent aux Suisses et tout particulièrement l’effigie de la jeune femme, cette Verena helvétique, qui sera plus tard rebaptisée affectueusement Vreneli en allemand, "petite Verena".
Payer en napoléons ou en léopolds
Les pièces circulent pendant quelques décennies, le temps notamment que durera "l'Union latine" avec la France, la Belgique, l'Italie et la Grèce. Une union monétaire ancêtre de la zone euro, où les Suisses paient en Vrenelis, les Français en napoléons et les Belges en léopolds. Toutes ces monnaies sont reconnues dans chacun des Etats signataires. L’Union est dissoute en 1927 et peu à peu les Vrenelis perdent leur fonction de moyen de paiement, la Banque nationale suisse n’ayant plus l’obligation de rembourser les billets en or. Ces pièces deviennent alors des pièces de collection précieuses, qu'on reçoit en cadeau pour des occasions spéciales.
Si les Suisses y sont aussi attachés, c'est sans doute par tradition et sécurité. Aujourd'hui, outre leur valeur sentimentale, ces pièces ont aussi une valeur marchande, qui varie au gré du cours de l’or. Les pièces de 10 francs de l’époque se négocient environ 200 francs, les pièces de 20 francs valent 350 francs. Et la pièce commémorative lancée ce mercredi partira au prix de 719 francs, son poids en or étant beaucoup plus important. Si l'on a besoin d’argent, il est plus facile de vendre un Vreneli qu’un lingot. C’est donc aussi sans doute pour cela que ces pièces sont encore souvent offertes. Un petit bas de laine qui prend de la valeur et que l'on peut utiliser si besoin.
Sujet radio: Sylvie Belzer
Adaptation web: mh avec ats