L'"Ukrainian-washing" ou quand la guerre en Ukraine fait vendre

La plateforme de commerce en ligne Fruugo propose des drapeaux, t-shirts, bracelets, pin’s, des éventails et même des housses de capot de voiture aux couleurs de l'Ukraine. De son côté, Galaxus n'est pas en reste avec ses chaussettes jaunes et bleues.

Interrogé dans La Matinale, Hervé Devanthéry, conseiller en communication, ne voit pas tout cela d'un très bon oeil. "Après le greenwashing, le rainbow-washing, on va peut-être avoir un Ukrainian-washing. Pour moi, cela dépasse même le cynisme, c’est horrible de faire de l’argent sur le malheur des autres. Cela pourrait encore être justifié et justifiable si la totalité des bénéfices allaient à des œuvres d’entraide. Mais comment le vérifier? C’est difficile de le savoir."

Jeunes consommateurs attentifs

La solidarité d'une partie de la population et la médiatisation du conflit peut attirer les entreprises, estime le consultant marketing Yves Goumaz. Il met toutefois en garde contre l'opportunisme.

"C’est le même débat que nous avons par rapport à l’écologie et ce que nous appelons le greenwashing. [...] S’il n’y a pas un fond, une réelle volonté – surtout maintenant, les jeunes consommateurs sont plus attentifs à cela, ils trient les sociétés qui répondent ou pas à leurs propres attentes – l’entreprise prend le risque que les consommateurs se détournent d’elle en se disant ‘mais c’est artificiel ce qu’elle nous propose’."

Contacté par la RTS, Galaxus informe que 100% des bénéfices sur les chaussettes bleues et jaunes sont utilisés à des fins caritatives. La plateforme Frugoo n'a pas donné de réponse. L'enseigne Manor précise de son côté que la vente des drapeaux - ukrainiens ou non - "n'est pas liée à une action caritative".

Pauline Rappaz/asch