Essence, vêtements, prix alimentaires, primes maladie: les hausses de prix sont partout en Suisse. L’inflation s'est invitée dans le quotidien de la population et cette situation pourrait bien durer.
"Les Suisses et les Suissesses sont encore protégés d'une flambée sur les prix à la consommation du fait que le franc est plus fort qu'autrefois et qu'il s'agit toujours d'une monnaie refuge. Mais la forte hausse va arriver gentiment", prévoit Sergio Rossi, professeur de macroéconomie et d’économie monétaire à l'Université de Fribourg.
Interrogé vendredi dans La Matinale de la RTS, l'expert rappelle que l'augmentation des prix est déjà perceptible pour l'essence, le mazout, les matières premières agricoles ou encore les produits alimentaires. "Cela va se traduire sur l'ensemble des prix à la consommation, car il faut utiliser de l'essence pour transporter les biens jusqu'aux points de vente. Ça va être une progression assez lente, mais douloureuse, car les salaires ne vont pas suivre cette dynamique."
Effet de retard
Selon Sergio Rossi, cette hausse des prix plus marquée devrait se faire sentir d'ici l'automne. "La guerre en Ukraine va continuer. Au fur et à mesure que ce problème va persister, que les sanctions occidentales contre la Russie vont avoir leurs effets, il faudra payer plus cher le prix des produits qu'on consomme tous les jours", assure-t-il.
Les gens vont commencer à se dire que la consommation doit ralentir
Pendant les deux années de pandémie de Covid-19, la population a pu épargner, alors que plusieurs secteurs économiques ont dû fermer leurs portes. Mais cela risque de ne pas suffire.
"Une fois que cette épargne sera épuisée, que les problèmes sur le marché du travail vont être observés - à savoir que les prix augmentent mais pas les salaires - les gens vont commencer à se dire que la consommation doit ralentir, sinon il n'y aura pas de quoi payer les factures à la fin du mois. Il y a un effet de retard, mais il va être comblé", prévient l'économiste.
"Mettre l'argent dans la poche des ménages"
Sergio Rossi ne voit qu'une seule solution pour sortir de l'impasse: "Lorsque l'économie privée piétine ou va mal, il faut soutenir la demande et pas l'offre. Il faut mettre l'argent dans la poche des ménages et permettre à la classe moyenne de consommer davantage, avec des chèques ou des baisses sur l'impôt."
Le conseiller fédéral Guy Parmelin a toutefois déclaré dimanche qu'une intervention étatique n'était pour l'instant pas nécessaire pour contrôler la hausse des prix.
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"Il y a beaucoup de jeunes et aussi de moins jeunes au chômage ou qui ont de la peine à arriver à la fin du mois avec leur salaire. Des retraités n'ont pas suffisamment de rentes AVS. A mon sens, les perspectives pour la Suisse sont assez sombres. Sans oublier que la pandémie reprendra peut-être des couleurs à l'automne...", redoute Sergio Rossi.
Propos recueillis par Frédéric Mamaïs
Adaptation web: Guillaume Martinez