En raison de la pénurie de semi-conducteurs et de la hausse des coûts de livraison provoquées par la guerre, les confinements en Chine et l'inflation mondiale, la conjoncture économique est clairement défavorable à l'industrie des smartphones. Mais les facteurs conjoncturels pourraient n'expliquer qu'en partie cette baisse.
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Adossée à cette tendance de fond du marché mondial, il y a celle du retour des téléphones à l'ancienne. Des appareils pour simplement téléphoner ou envoyer des SMS comme au début des années 2000, à l'instar du fameux Nokia 3310, l'un des appareils les plus vendus de tous les temps.
Ce type de téléphones semble revenir en grâce. Il est difficile d'avoir des chiffres globaux, mais selon le cabinet de conseil Deloitte, au Royaume-Uni, un utilisateur sur dix possède un tel appareil.
Nostalgie ou conscience écologique
Plusieurs explications sont possibles. Sur le plan esthétique, l'effet de nostalgie joue certainement un rôle. Sur le plan pratique, une batterie plus résistante et des prix plus abordables. En termes d'usage, ils constituent aussi un rempart contre les dynamiques toujours plus invasives de l'économie de l'attention. Un retour à la sobriété parfois bienvenu en termes de santé.
Enfin, cette tendance traduit peut-être aussi une prise de conscience de l'impact écologique de cette industrie. Le marché du smartphone d'occasion en avait déjà bénéficié, avec près de 250 millions d'appareils d'occasion vendus en 2020.
Reste désormais à savoir si l'industrie et l'innovation dans le secteur de la téléphonie mobile suivront ces changements d'usage et se tourneront vers plus de durabilité ou de recyclage. Mais quoi qu'il en soit, il faut renoncer à l'idée d'un "internet propre", rappelait le journaliste spécialisé Guillaume Pitron mardi dans La Matinale. "Rien n'est propre. Mais il faut aller vers un internet responsable. Et ça passe d'abord par l'allongement de la durée de vie des produits", estime-t-il.
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Miruna Coca-Cosma/jop