Le manque de personnel qualifié et bien formé n'est pas un phénomène nouveau dans le secteur, a relevé d'emblée le président de GastroSuisse Casimir Platzer. Mais la pandémie l'a accentué. Par ailleurs, un manque de personnel se fait sentir de manière générale dans le tissu économique suisse. Pour la première fois, la barre des 100'000 places vacantes a été franchie au premier trimestre 2022.
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Pour faire face à ce défi, "la branche doit se serrer les coudes", a affirmé Casimir Platzer. Et dans ce contexte, le directeur de la Fédération GastroSuisse Daniel Borner a présenté un plan d'action en cinq points, principalement orienté vers la valorisation des métiers de la branche auprès des jeunes. Il s'agit dans un premier temps de promouvoir l'image de la branche elle-même, afin d'augmenter son "niveau d'attractivité".
Meilleures conditions d'embauche et de formation
GastroSuisse estime ensuite qu'il faut améliorer l'attrait des places d'apprentissage, veiller à ce qu'il y en ait suffisamment et, en parallèle, cibler la formation des entrepreneurs sur la gestion et la reconnaissance du personnel. "Il faut bien comprendre que les attentes des jeunes générations ont changé", a expliqué Daniel Borner.
La Fédération souhaite en outre promouvoir les offres de formation pour les personnes en reconversion professionnelles ou de langue étrangère. Enfin, les conditions d'embauche doivent être adaptées aux nouvelles exigences de la clientèle, ce qui nécessite des "solutions créatives", notamment en termes de flexibilité des horaires de travail. Ces horaires "sont souvent critiqués, mais ils répondent aux souhaits de la clientèle", justifie Daniel Borner.
Manque de solutions concrètes
Du côté des restaurateurs, ces mesures sont accueillies avec prudence, notamment par le collectif "Qui va payer l'addition?". "On trouve que c'est une excellente chose, c'est impératif de se pencher sur le problème de la main d'oeuvre", salue l'une de ses membres, Frédérique Beauvois, interrogée dans Forum. "Après, ce qu'a dit GastroSuisse veut tout dire et rien dire", poursuit-elle.
La restauratrice explique qu'en l'état actuel des choses, il est difficile pour les entreprises du secteur d'agir. "Les marges de manoeuvres concernant les salaires sont extrêmement faibles", souligne-t-elle. Actuellement, un restaurateur ne prend que 2% de bénéfice sur une addition au restaurant. "Les loyers et les taxes coûtent quatre fois plus cher!"
Par ailleurs, elle souligne qu'actuellement c'est le personnel de cuisine qui manque le plus. Or, les aménagements d'horaires sont encore plus difficiles dans ce domaine. "Les gens mangent à des heures précises, un cuisinier ou une cuisinière ne peut pas travailler dix heures par jour!"
"Carte de visite de la Suisse"
Dans ce contexte, Casimir Platzer estime qu'il faudra trois à quatre ans pour que les mesures en faveur de ces cinq points déploient leurs effets. Car si certains éléments sont déjà très concrets, d'autres doivent encore être conceptualisés. Le président de la faîtière a souligné que le travail ne faisait que commencer.
Présent à St-Gall en tant qu'invité, le ministre des Finances Ueli Maurer a fait l'éloge de la branche en tant que "carte de visite de la Suisse". "Durant la crise du coronavirus, nos concitoyens ont compris l'importance capitale de l'hôtellerie-restauration pour notre pays. Vous exercez l'un des plus beaux métiers qui soit. Continuez de le faire avec passion!", a-t-il lancé.
jop avec ats
Le cuisinier Franck Giovannini honoré
Lors de la soirée de gala qui faisait suite à l'assemblée, la Fédération a décerné la "Flamme de l'accueil" au chef Franck Giovannini pour ses mérites dans l'hôtellerie-restauration suisse. C'est la deuxième fois que ce prix est décerné.
Le cuisinier suisse originaire de Tramelan (BE), qui a fait une grande partie de sa carrière à l'Hôtel de Ville de Crissier (VD) a reçu ce prix devant un parterre de 600 personnes. Casimir Platzer n'a pas manqué de lui adresser ses plus chaleureuses félicitations: "Vous êtes un chef exceptionnel qui s'inscrit dans la tradition d'un établissement de renommée mondiale, tout en y apportant votre touche personnelle et en restant fidèle aux valeurs de notre branche".