Dans un communiqué, Economiesuisse qualifie jeudi la multiplication des risques de "cocktail toxique" pour la conjoncture. Après les trois principaux, la faîtière ajoute la guerre en Ukraine, le manque de personnel qualifié, les fluctuations de change et les conséquences de la pandémie de Covid-19.
Sur la base de ces constats, Economiesuisse a drastiquement abaissé ses prévisions 2022 de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 1,8%, prenant en considération un ralentissement attendu aux troisième et quatrième trimestres. Jusqu'ici, une progression de 2,5% était attendue.
Pour 2023, la faîtière table sur une croissance de 1,6%. Pour rappel, le PIB a crû de 3,8% l'année dernière.
Vers une inflation à 2,9% en 2022
L'inflation est attendue à 2,9% (2022) et 2,5% (2023), après 0,5% l'année dernière. La faîtière de l'économie prévoit également un tassement marqué des exportations, après une année 2021 dopée par le rebond conjoncturel lié à la pandémie de Covid. Après un bond de 11,8% en 2021, les livraisons à l'étranger devraient progresser de 4,7% cette année et de 4% la prochaine.
Pour établir son scénario, Economiesuisse s'est basé sur un cours de change de l'euro à 1,02 et 0,98 franc, respectivement pour 2022 et 2023. Pour le dollar, la faîtière table sur 0,93 franc pour cette année et 0,90 pour la prochaine.
Au plus haut depuis 14 ans
De son côté, l'Office fédéral de la statistique a précisé que l'indice des prix à la consommation (IPC) a accéléré de 2,9% sur un an en mai, après avoir crû de 2,5% en avril, de 2,4% en mars et de 2,2% en février. Comparé au mois précédent, l'IPC a augmenté de 0,7% à 104,0 points.
Après plusieurs années d'inflation négative, l'IPC suisse a atteint en mai un plus haut depuis 14 ans, à savoir septembre 2008. Il se situe clairement au-dessus de l'objectif de stabilité des prix de la Banque nationale suisse, qui est défini comme étant inférieur à 2%.
Jusqu’à présent, les entreprises ont absorbé l'augmentation de leurs prix d’achat et de l’énergie dans leurs marges. Mais cela ne va pas durer et les deux tiers d'entre elles prévoient de relever leurs prix de vente de 6% en moyenne, dès le second semestre de l'année.
Transports, chauffage, alimentation
Les goulets d'étranglement dans les chaînes logistiques internationales continuent notamment de peser sur le secteur des véhicules. Le prix des voitures d'occasion a pris 16,4% et celui des voitures neuves 4,6%.
L'envolée des prix du pétrole, en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions internationales contre la Russie, continue d'avoir des répercussions sur les tarifs des hydrocarbures en Suisse. Impact majeur pour les propriétaires et locataires, les prix du mazout ont décollé de 81,9% et ceux du gaz de 40,7% comparés à mai 2021.
Le transport souffre aussi. Les tarifs du diesel ont bondi de 30,4% et l'essence de 25,3%. L'effet se fait également ressentir pour les voyages à forfait internationaux dont les tarifs ont progressé d'un quart. Le transport aérien affiche lui un renchérissement de 57,6%.
Cette hausse se répercute en outre par ricochet sur certains produits alimentaires, en raison du renchérissement du transport et des engrais. Les prix des melons et raisins ont ainsi bondi de 15,6%. Mais d'autres produits alimentaires affichent des baisses comme les fruits à noyaux (-4,1%), les légumes-salades (-2,9%), ainsi que les agrumes et les baies (-10,2%).
>> Lire aussi : Acheter un bien revient à nouveau plus cher que louer, selon une étude
boi avec ats