D'emblée, la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'est dite "prudemment optimiste" et a affiché des ambitions mesurées. Ngozi Okonjo-Iweala estime que si l'organe de décision suprême de l'OMC arrive à tomber d'accord sur au moins "un ou deux" sujets, "ce sera un succès".
Le chemin "sera chaotique et il y aura peut-être quelques mines le long de la route, il nous faudra les éviter", a déclaré Ngozi Okonjo-Iweala, aux commandes de l'organisation depuis 15 mois.
L'OMC fonctionnant par consensus, il suffit de l'opposition d'un seul membre pour tout faire capoter. Et l'organisation a perdu en pertinence faute de pouvoir conclure des accords majeurs, le dernier remontant à 2013.
Il n'y a aucune garantie de résultats importants à Genève malgré les efforts vigoureux déployés par Ngozi Okonjo-Iweala, première femme et première personnalité originaire d'Afrique à diriger l'organisation.
Le risque de crise alimentaire
Il s'agira notamment d'aider à une solution face au risque de grave crise alimentaire que fait planer sur le monde entier l'invasion par la Russie de l'Ukraine, dont les terres fertiles nourrissent traditionnellement des centaines de millions de personnes sur la planète. Le conflit débuté le 24 février par Moscou a provoqué une flambée des prix.
Les tensions se sont manifestées dimanche lors d'une réunion à huis clos pendant laquelle des délégués ont pris la parole pour condamner l'agression russe. Le délégué ukrainien, qui s'est aussi exprimé, a été accueilli par une ovation debout, selon le porte-parole de l'OMC, Dan Pruzin.
Puis, juste avant que le ministre russe du Développement économique Maxime Rechetnikov parle, une trentaine de délégués "ont quitté la salle", a expliqué Dan Pruzin.
Un projet de déclaration ministérielle promet "de prendre des mesures concrètes" pour faciliter le commerce et améliorer le fonctionnement des marchés, "y compris les céréales et les engrais".
Règles sur la pêche
La pêche reste le dossier phare de la réunion. Le texte, qui s'inscrit dans les objectifs du millénaire de l'ONU, doit en particulier supprimer les subventions qui peuvent encourager la surpêche ou les prélèvements illégaux.
Des progrès ont été faits ces derniers mois sur des contentieux qui paraissaient jusque-là insurmontables. L'idée que les querelles d'appartenance territoriale - nombreuses et ultra-sensibles - se traitent à l'OMC a été écartée.
Des progrès ont aussi été faits pour définir le mécanisme de traitement préférentiel réservé aux pays en développement, mais l'Inde réclame une période d'exemption de 25 ans. Trop long, rétorquent de nombreux membres, qui visent plutôt 2030.
Textes en discussion sur le coronavirus
Les ministres sont également attendus sur la pandémie de Covid-19, avec deux textes en discussion. L'un doit faciliter la circulation des ingrédients nécessaires à la lutte contre les pandémies, l'autre doit permettre une levée temporaire des brevets des vaccins anti-Covid.
Ce dernier sujet divise, l'industrie pharmaceutique y voyant un affaiblissement de la propriété intellectuelle, alors que pour les ONG, le texte ne va pas assez loin. Là aussi l'issue reste incertaine.
afp/ther
Plusieurs membres de l'OMC lancent une coalition sur le climat
Plusieurs membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) veulent davantage d'efforts face au climat. Ils ont lancé lundi à Genève une coalition de ministres du commerce sur cette question.
L'UE, l'Equateur, le Kenya et la Nouvelle-Zélande sont derrière cette initiative. Ils souhaitent mettre la lutte contre le réchauffement climatique et la durabilité environnementale au centre des politiques commerciales.
Les représentants de ces quatre acteurs ont rencontré lundi, en marge de la ministérielle de l'OMC à Genève, ceux de différents pays. Ils se retrouveront en juillet pour décider des prochaines étapes pour formaliser un peu plus cette nouvelle coalition. Celle-ci se réunira ensuite pour la première fois en début d'année prochaine.