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Eglantine Jamet: "Les femmes sont moins visibles sur le marché du travail"

L'invitée de La Matinale - Eglantine Jamet, co-fondatrice d’Artemia Executive
L'invitée de La Matinale - Eglantine Jamet, co-fondatrice d’Artemia Executive / La Matinale / 10 min. / le 14 juin 2022
Les postes à responsabilité sont encore trop souvent occupés par des hommes. Pas étonnant, explique dans La Matinale Eglantine Jamet, co-fondatrice d'Artemia Executive, une société de recrutement et de conseil qui accompagne les entreprises pour une meilleure mixité. "Les femmes sont moins visibles sur le marché du travail. C'est pourquoi il faut aller les chercher."

Très jeunes, les femmes ont tendance à s'autocensurer professionnellement, imaginant souvent leur futur au travers du filtre "famille". "Elles se demandent encore trop souvent si elles vont réussir à mener une carrière professionnelle tout en ayant des enfants", déplore Eglantine Jamet, co-fondatrice et co-directrice d'Artemia Executive, une société de recrutement et de conseil qui accompagne les entreprises pour un meilleur équilibre entre femmes et hommes dans les postes à responsabilité.

Invitée de La Matinale ce mardi 14 juin, journée de la grève des femmes en Suisse, elle insiste sur le fait qu'il est important d'en finir avec les préjugés qui influencent la manière dont les femmes sont perçues et se perçoivent sur le marché du travail. Selon Eglantine Jamet, les femmes ont tout autant leur place à la tête d'une entreprise que les hommes.

"C'est tout le sens de la démarche d'Artemia. C'est important d'en parler et d'être conscient qu'on a encore beaucoup de travail à faire. Mais surtout il faut agir, car le travail est encore long", explique-t-elle. "D'ailleurs, 80% des mères d'enfants de moins de 15 ans travaillent en dessous de 90%, contre 13% des pères. Cette répartition est toujours très inégale."

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Plus artisane que militante

Si elle ne fait pas la grève ce mardi, la co-fondatrice d'Artemia soutient cependant toutes les femmes qui décideront de descendre dans les rues pour crier leur mécontentement et demander l'égalité. "J'ai trouvé la journée du 14 juin 2019 très intéressante et constructive. C'est important d'avoir cet élan collectif pour remettre ces questions sur le devant de la scène. Souvent, on peut penser que tout est acquis, mais ce n'est pas vrai. C'est pourquoi il faut continuer à porter ces combats. Moi, je le fais au quotidien plus comme artisane que comme militante."

Surtout que la Suisse est en retard sur la question de l'égalité homme/femme dans les postes à responsabilité, notamment pour des questions de vision très conservatrice de la famille, note-t-elle. "La Suisse est régulièrement mal notée dans les classements internationaux pour l'égalité dans la sphère économique et professionnelle", déplore-t-elle. "Et ce alors qu'elle est dixième en moyenne, car il y a eu toute une série d'avancées, notamment au niveau de la représentation des femmes en politique. La Suisse est également remontée dans le classement général en termes d'éducation et santé."

Il faut dire que les femmes ont tendance à être moins visibles sur le marché du travail. "Elles sont moins présentes sur les réseaux sociaux professionnels. Elles postent moins, c'est pourquoi on va aller les chercher. C'est vraiment le sens de notre démarche à Artemia. Grâce à notre travail, on arrive à amener 50% de femmes dans le panel de candidatures proposées aux clients", se félicite-t-elle.

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Fabien Grenon

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Lien de corrélation entre mixité et résultats financiers

La présence de femmes rendrait les équipes plus efficaces, comme le souligne en outre la co-fondatrice d'Artemia Eglantine Jamet.

"Il y a un lien très clair de corrélation établi entre le fait d'avoir une gouvernance avec une certaine mixité et des résultats financiers importants. Ce sont aussi des entreprise plus résistantes en cas de crise. Ce n'est pas parce que les femmes sont meilleures ou qu'elles ont des qualités particulières. Mais en mettant des gens avec des parcours de vie variés autour de la table, on arrive à plus d'innovation et de créativité."

Il n'est cependant pas toujours possible d'arriver à une mixité parfaite, notamment au sein de professions dans lesquelles les femmes ne sont pas très présentes, reconnaît-elle. "Il faut donc faire preuve de bon sens. Il ne s'agit pas de mettre la parité à tous les niveaux, mais de rééquilibrer les choses."