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"Voler va coûter plus cher, on ne le cache pas", reconnaît le vice-président de l'IATA

Peut-on vraiment compenser les émissions carbones de nos vols en avion ?
Peut-on vraiment compenser les émissions carbones de nos vols en avion ? / A bon entendeur / 28 min. / le 14 juin 2022
Le processus de décarbonisation dans lequel se sont engagées les compagnies aériennes devrait faire augmenter le prix des billets, d'après Sebastian Mikosz, vice-président de l'association IATA. A l’heure actuelle, l'industrie recourt encore largement à la compensation des émissions de CO2, un outil qui montre pourtant certaines limites.

"Voler va coûter plus cher, on ne le cache pas. La décarbonisation a un coût, essentiellement un coût d'investissement dans des technologies qui n'existent pas", a expliqué Sebastian Mikosz, vice-président de l'Association du transport aérien international (IATA), dans l'émission A Bon Entendeur de la RTS.

L'association IATA, qui fédère 290 compagnies aériennes, s'est engagée à atteindre zéro émission nettes de carbone d'ici 2050. "Il y a une discussion sur le pourcentage d'augmentation de ces coûts. Les compagnies en absorberont une partie, et une partie sera bien sûr visible sur l'augmentation des prix des billets", indique Sebastian Mikosz.

Des avions de différentes compagnies à l'aéroport de Genève-Cointrin, en février 2020. [Keystone - Laurent Gillieron]
Des avions de différentes compagnies à l'aéroport de Genève-Cointrin, en février 2020. [Keystone - Laurent Gillieron]

Pour atteindre son objectif 2050, la faîtière des transporteurs aériens mise essentiellement sur les "Sustainable Aviation Fuels" (SAF), des carburants durables qui pourraient à terme permettre de réduire massivement les émissions du secteur. Mais ceux-ci restent encore extrêmement peu répandus: ils ne représentent que 0,05% des carburants utilisés actuellement dans l'aviation européenne. "On veut monter jusqu'à 10-15% dans les dix ans à venir", ambitionne Sebastian Mikosz.

Outil de la compensation

En attendant, le secteur aérien recourt très largement à l'outil de la compensation, autrement dit le fait d'investir dans des projets de séquestration de CO2 ou dans des projets qui empêchent de futurs rejets. Mais certains de ces projets ne tiennent pas leurs promesses.

La compagnie Swiss vante par exemple un projet de reforestation dans la plaine du Pô, en Italie. Or, comme le montre l'enquête de la RTS, la part du groupe Lufthansa (maison mère de Swiss) dans ce projet ne permet de compenser en tout et pour tout que six allers simples Genève-Londres, alors que Swiss opère quelque 120 vols par jour au départ de Genève.

Ce projet "est certifié selon les normes de qualité les plus élevées, il est également contrôlé par des experts indépendants et, pour nous, en tant que projet européen, il s'agit bien sûr d'une bonne mesure, efficace, à notre porte", argumente Mélanie Heiniger, cheffe du Département responsabilité sociale de Swiss.

Chercheur au centre de compétences en durabilité de l'Université de Lausanne, Augustin Fragnière se montre sceptique à l'égard du principe même de la compensation: "La compensation suggère que l'on peut annuler les effets climatiques de nos activités en payant des projets ailleurs et cette logique même est une convention comptable arbitraire assez problématique", estime le docteur en géosciences de l'environnement.

Les Helvètes ne sont visiblement pas très convaincus non plus: d'après une étude de l'Université de Berne, seuls 4% des voyageurs au départ de la Suisse ont souhaité compenser les émissions de leurs vols.

Antoine Harari et Linda Bourget

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