Modifié

La BNS relève son taux directeur et relève ses prévisions d'inflation

La BNS relève son taux directeur et ses prévisions d'inflation
La BNS relève son taux directeur et ses prévisions d'inflation / Forum / 3 min. / le 16 juin 2022
La Banque nationale suisse amorce jeudi un resserrement de sa politique monétaire en relevant de 50 points de base son principal taux directeur, à -0,25%. Souhaitant éviter une accélération de l'inflation, l'institut d'émission n'exclut pas de procéder dans un avenir proche à de nouvelles hausses.

La hausse du taux directeur prendra effet dès ce vendredi, a fait savoir la Banque nationale suisse. Le taux directeur de la BNS s'établissait à -0,75% depuis janvier 2015 et l'abandon à la surprise générale du taux plancher.

La décision repose sur la constatation que l'inflation s'étend désormais à des biens et des services non directement touchés par la guerre en Ukraine ou les séquelles de la pandémie, explique le président de la direction général Thomas Jordan, selon le script de son discours.

Le banquier central en chef souligne que des effets secondaires risquent de se manifester en cas de persistance d'une inflation supérieure aux 2% fixés comme plafond pour la stabilité des prix.

>> L'interview de l'économiste Charles Wyplosz dans le 12h30 :

Charles Wyplosz, professeur émérite d'économie à l'Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement à Genève. [RTS]RTS
La BNS relève ses taux: interview de Charles Wyplosz / Le 12h30 / 3 min. / le 16 juin 2022

Les prévisions d'inflation relevées

Dans le même temps, la BNS a relevé ses prévisions d'inflation pour l'année en cours et les deux prochaines. Elle table désormais sur un renchérissement à 2,8% pour 2022, contre 2,1% jusqu'ici. "Sans le relèvement de taux décidé aujourd'hui, la prévision d'inflation serait nettement plus élevée", précise la BNS.

L'institut monétaire table toujours sur une croissance du PIB d'environ 2,5% pour 2022 tandis que le chômage devrait rester faible. "Cette prévision favorable repose notamment sur l'hypothèse que l'économie mondiale continuera à progresser et que la guerre en Ukraine ne s'aggravera pas", souligne le document.

Pour 2023, la BNS s'attend à une inflation à 1,9% (contre 0,9% en mars dernier) puis à 1,6% (+0,9%) pour 2024. Cette nouvelle prévision repose sur l'hypothèse d'un taux directeur maintenu constant à -0,25% pendant toute la période.

Dans son scénario de base pour l'économie mondiale, la BNS part de l'hypothèse que les prix de l'énergie resteront élevés dans un premier temps, mais qu'il n'y aura pas de grave pénurie dans les grands espaces économiques. L'évolution positive de la conjoncture devrait ainsi se poursuivre dans l'ensemble.

ats/boi

>> L'interview d'Andrea Maechler, membre de la direction de la BNS, dans Forum :

La BNS relève son taux directeur: interview d'Andrea Maechler
La BNS relève son taux directeur: interview d'Andrea Maechler / Forum / 7 min. / le 16 juin 2022
Publié Modifié

UBS et Credit Suisse sont solides

Les deux principales banques helvétiques, UBS et Credit Suisse, sont bien placées pour faire face à l'environnement économique difficile qui prévaut depuis fin 2021 ainsi qu'aux risques liés à la guerre en Ukraine grâce à leurs réserves de capitaux, selon la Banque nationale suisse.

UBS et Credit Suisse ont amélioré la situation de leurs fonds propres, se plaçant au-delà des exigences de la réglementation "too big to fail", précise la BNS.

Dans son rapport sur la stabilité financière, l'institut d'émission souligne que les ratios de fonds propres des deux principales banques helvétiques sont supérieurs en moyenne en comparaison internationale. Pour Credit Suisse, cette amélioration est liée à une augmentation de capital tandis que chez UBS, elle est due à des bénéfices non distribués.

Les deux instituts ont connu "des évolutions différentes en termes de rentabilité", met sobrement en avant le document. Ainsi, il rappelle qu'UBS a enregistré une forte augmentation de ses bénéfices au cours des quatre derniers trimestres, quand Credit Suisse a subi une rentabilité des actifs (ROA) négative.

Le dispositif visant à limiter l'appréciation du franc allégé

La BNS a allégé son dispositif visant à limiter l'appréciation du franc, pour privilégier désormais le combat contre le renchérissement. L'institut d'émission demeure néanmoins disposé à intervenir au besoin sur le marché des changes.

"La dépréciation conjuguée avec un écart d'inflation nettement plus marqué avec l'étranger a pour conséquence que le franc ne s'inscrit plus à un niveau élevé", a déclaré le président de la direction générale Thomas Jordan dans le cadre de l'examen périodique de politique monétaire de la BNS.

"Si le franc devait s'apprécier de manière excessive, nous serions disposés à acheter des devises," a assuré le responsable, ajoutant que dans le cas inverse "nous envisagerions d'en vendre."