Depuis son sommet historique du 10 novembre 2021, à 68'991 dollars, la devise numérique a perdu plus de 72% de sa valeur. Vers 15h50 GMT (17h50 en Suisse), il ressortait à 18'941 dollars, soit un repli de 8% par rapport à vendredi.
Signe que la liquidation continue sur ce marché en pleine crise, toutes les principales cryptomonnaies se repliaient nettement samedi. L'ether, deuxième devise numérique la plus utilisée, perdait près de 10%.
Fuir le risque à tout prix
Les Bourses ont plongé cette semaine, inquiètes à l'idée que les banques centrales, la Fed (réserve fédérale américaine) en tête, ne se montrent trop agressives dans leur volonté de juguler l'inflation, risquant d'affaiblir l'économie mondiale.
"Il y a moins d'argent sur le marché parce que les banques centrales vont dans les obligations d'Etat et cela enlève de la liquidité. Avec moins de liquidités, les personnes vont se diriger vers des investissements moins risqués", a expliqué Cyrus Fazel, directeur général de Swissborg au 19h30. Et ce sont les cryptomonnaies qui paient le prix le plus fort.
Lundi, le marché des cryptomonnaies est passé sous le cap symbolique des 1000 milliards de dollars. Il était monté jusqu'à 3000 milliards en novembre dernier. La chute du bitcoin a été accélérée par la suspension des retraits par deux plateformes de placements en cryptomonnaies.
En 2021, ce secteur encore naissant avait attiré de plus en plus d'acteurs de la finance traditionnelle, dont l'appétit pour le risque était alimenté par les politiques ultra-souples des banques centrales à travers le monde.
Des plateformes qui se retirent
Celsius a annoncé une pause des retraits et transferts dimanche soir. Cette entreprise, qui gérait des actifs valorisés à 12 milliards de dollars mi-mai selon son site internet, proposait notamment à ses utilisateurs de placer leurs cryptomonnaies "historiques", comme le bitcoin et l'ether, pour investir dans de nouvelles devises virtuelles.
Babel Finance a elle indiqué à ses clients vendredi qu'elle suspendait tous les retraits à cause des "pressions inhabituelles sur la liquidité". Un bref gel des retraits en bitcoin de la plus grande plateforme du monde, Binance, a aussi participé cette semaine au manque d'appétit pour les cryptomonnaies.
Des licenciements massifs
La plateforme de cryptomonnaies Coinbase a, de son côté, annoncé mardi qu'elle allait supprimer 18% de ses effectifs, soit environ 1100 postes. "Il semblerait que nous entrions dans une récession après un boom économique de plus de 10 ans", a avancé le cofondateur et directeur général de la société, Brian Armstrong, parmi les justifications à ces licenciements massifs.
Toutefois, les spécialistes s'attendaient à cette chute. "La question ce n'était pas si mais quand. C'est sain de laisser des entreprises faire faillite pour que le système apprenne de ses erreurs. C'est un système encore très jeune qui cherche à trouver son point d'équilibre", a souligné Arnaud Salomon, directeur général de Mt Pelerin au 19h30.
Propos recueillis par Delphine Gianora
Adaptation web: afp/aps