Colombo Port City est une île de 269 hectares qui vient de naître sur la baie de Colombo, juste devant le palais présidentiel. Il s'agit d'une zone franche où un grand nombre de taxes et de règles bancaires sri-lankaise ne s'appliquent pas et qui n'accepte que des devises étrangères.
Cette zone économique spéciale est sortie de l’océan Indien grâce aux travaux de remblaiement menés par la compagnie China Harbour Engineering Company (CHEC), contrôlée par l’Etat chinois. L'investissement atteint 1,3 milliard de francs.
Plateforme offshore
En échange, CHEC détient les deux tiers des droits d'exploitation des terrains commerciaux de l'île. Pour l'instant, seul un début de marina et des clubs balnéaires ont été construits, mais à terme cette zone franche veut surtout attirer des sociétés financières. Le projet ne devrait pas être terminé avant les années 2040.
Le site "est un point de repère idéal pour faire des affaires en Asie du Sud. C'est une plateforme offshore comme le Luxembourg ou l'île Maurice", explique Thulici Aluwihare, directeur adjoint de CHEC Port City Colombo, dans l'émission Tout un monde de la RTS.
Le projet avait été dévoilé en 2014 par le président chinois Xi Jinping, un an après le lancement de son initiative des "nouvelles routes de la soie", un vaste plan visant à construire des infrastructures routière, ferroviaire et maritime à travers l'Asie et l'Europe pour stimuler le commerce.
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Cette zone économique spéciale jouit toutefois d'une autonomie qui inquiète au Sri Lanka. Elle est gouvernée par une petite commission qui rend des comptes uniquement au président de la République. Le Parlement n'a lui qu'un accès restreint à ces opérations. Et comme cette commission opère en dehors du contrôle bancaire du pays, beaucoup craignent que Colombo Port City ne se transforme en une place de blanchiment d'argent.
Le parti d'opposition SJB déplore l'absence de moyens de contrôle du gouvernement ainsi que l'exemption de taxes sur les affaires, et craint que la réputation du Sri Lanka ne soit au final entachée.
Succès encore incertain
Les promoteurs du projet ont pour l'instant du mal à attirer des investisseurs étrangers à cause de la crise économique qui frappe le pays. Mais à terme, rien ne prouve que ce projet, qui devra compter avec la concurrence de places comme Hong Kong ou Singapour, pourra véritablement séduire les investisseurs.
Et ce chantier rappelle un précédent douloureux. Après avoir eu du mal à rembourser la dette de 1,4 milliard de dollars à Pékin pour la construction du port en eaux profondes de Hambantota, le Sri Lanka a été contraint de le céder en 2017 pour 99 ans à une entreprise chinoise.
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Sujet radio: Sébastien Farcis
Adaptation web: cab