Modifié

Casimir Platzer, président de GastroSuisse: "Forcément, les prix vont augmenter"

L'invité: Le président de GastroSuisse Casimir Platzer évoque la hausse des prix dans l'hôtellerie et la restauration alors que le secteur se relève à peine de la pandémie
L'invité: Le président de GastroSuisse Casimir Platzer évoque la hausse des prix dans l'hôtellerie et restauration. / 19h30 / 1 min. / le 26 juin 2022
Entre le retour du Covid, l’inflation et une pénurie de main d’œuvre, l’hôtellerie fait face à de nombreux défis à l’approche de l’été. Selon Casimir Platzer, le président de GastroSuisse, faîtière des entreprises du secteur, les prix vont forcément augmenter un peu dans l'hôtellerie et la restauration.

Les prix sont en hausse, dans "une spirale" anormale, estime Casimir Platzer dimanche dans le 19h30. "Dans toutes les charges, il y aura une augmentation", présage-t-il.

Ce renchérissement s’observera également dans l’énergie: "Dans notre hôtel [le Belle Epoque Hotel Victoria, à Kandersteg (BE) ndlr], on paie cette année cinq fois plus par kilowattheure par rapport à 2021. C’est énorme", dit-il.

Par conséquent, la clientèle des hôtels et restaurants suisses paiera un peu plus cher les repas et séjours. C'est une question de viabilité économique. "Il faudra donc recalculer [le prix de vente] et regarder qu’on n’ait pas de chiffres rouges à la fin de l’année", indique le président de GastroSuisse.

Les cas de contamination au coronavirus ont, eux aussi, augmenté ces derniers jours. Casimir Platzer estime qu’il n’y a pas lieu pour l’heure de s’en inquiéter. "La situation dans les hôpitaux n’est pas vraiment grave pour l’instant", avance l’hôtelier. En revanche, son regard se tourne vers l’automne et l’hiver: "On espère qu’on ne se retrouvera pas avec des mesures comme on en a eues les deux derniers hivers", dit celui qui avait été un fer de lance des critiques aux restrictions sanitaires.

>> Lire à ce sujet : Le président de GastroSuisse Casimir Platzer agace aussi en Suisse romande

Manque de main d’œuvre

L’hôtellerie et la restauration font également face à une pénurie de personnel. Ainsi, 4,3% des postes sont vacants dans la branche. En fin d‘année 2021, 5300 places de travail étaient inoccupées, un chiffre qui a doublé depuis lors. Casimir Platzer trouve l’explication de cette situation dans une démographie changeante. "Pour l’instant, il y a moins de jeunes qui viennent. Et plus de personnes âgées prennent leur retraite de plus en plus tôt, à 60, 62 ans."

>> Le reportage du 19h30 sur le manque de main d'oeuvre :

Pénurie de personnel dans les milieux de l’hôtellerie et de la restauration. Des professionnels sont obligés de limiter leur capacité d’accueil
Pénurie de personnel dans les milieux de l’hôtellerie et de la restauration. Des professionnels sont obligés de limiter leur capacité d’accueil / 19h30 / 2 min. / le 26 juin 2022

Il précise qu’il s’agit d’un problème global, qui touche tous les secteurs de l’économie. Du reste, selon lui, la situation n’est pas nouvelle. "Cela fait 32 ans que je gère l’hôtel à Kandersteg avec ma femme. Depuis 32 ans, on a une pénurie de personnel qualifié. Des fois moins, des fois plus", tempère-t-il.

Comment s’en sortir, dans tous les cas? Casimir Platzer met en garde contre l’envie de baisser la qualité du service pour faire des économies. "Il faut réduire soit les places, soit les heures d’ouverture. Peut-être qu’il faut réduire les cartes", conseille-t-il. Engager du personnel parmi les réfugiés ukrainiens peut être envisagé: 300 d’entre eux travaillent d'ailleurs déjà dans l’hôtellerie. "Mais ça ne va pas résoudre notre problème de personnel qualifié", avertit le président de GastroSuisse.

>> Lire aussi : GastroSuisse présente un plan d'action contre la pénurie de personnel qualifié

Attirer la jeunesse

Autre réservoir d’employés potentiels: les jeunes. Mais comment les attirer dans ces métiers aux horaires difficiles, en soirée notamment? Pour Casimir Platzer, il faut mettre en avant les points positifs. Tout d’abord, cela permet d’avoir du temps libre quand les autres travaillent. Autre argument, financier celui-ci: un jeune terminant son apprentissage en 2023 touchera un salaire minimum de 4700 francs. "Les salaires dans la branche ne sont pas si bas que ça", assure-t-il.

D’ailleurs, selon lui, dans ce marché, les employés ont souvent le choix de leur employeur et touchent plus que le salaire minimum. Finalement, c’est aux hôtels et restaurants de trouver la bonne formule pour résoudre le problème. "Chaque entreprise est responsable pour offrir des emplois attrayants, des bons salaires et des heures de travail qui conviennent aux employés. Il faut écouter les employés et leurs besoins et faire qu’ils soient contents", estime l’hôtelier.

>> Les précisions de Casimir Platzer sur le manque de personnel :

Casimir Platzer, président de l’organisation faîtière GastroSuisse, indique les pistes à suivre pour pallier le manque de personnel qualifié
Casimir Platzer, président de l’organisation faîtière GastroSuisse, indique les pistes à suivre pour pallier le manque de personnel qualifié / 19h30 / 4 min. / le 26 juin 2022

Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Antoine Michel avec fpc et fd

Publié Modifié