Selon l'enquête menée par Le Temps et Heidi.news, les marges brutes de Coop atteignent les 57% et celles de Migros 46%. Ces données se trouvaient sur le dark web à la suite d'un hacking début avril des serveurs des Laiteries réunies de Genève.
"Le producteur est tout simplement impuissant dans cette affaire. Je crois qu'il reste 20'000 producteurs et seulement deux ou trois grand acheteurs. Il y a clairement une disproportion de force, on est à la merci de quelques acheteurs", témoigne lundi dans le 19h30 Christian Blaser, producteur de lait.
Pour cet agriculteur vaudois, le combat devient trop compliqué. Il va prochainement abandonner sa production: "Nous avons des vieux bâtiments, il faudrait faire des investissements énormes, de l'ordre de 25'000 francs par vache. Si on envisage une quarantaine de vaches, on est à plus de 2 millions. On arrive à un moment charnière où il n'y a plus de perspectives."
Période inflationniste
Les producteurs ne sont pas les seuls à être dans le désarroi. La Fédération romande des consommateurs (FRC) a également publié une enquête ce lundi. Les marges impressionnantes des distributeurs ont du mal à passer.
"En période inflationniste, il est d'autant plus important de savoir dans quelle poche va l'argent des consommateurs. A ce niveau-là, la FRC n'est pas satisfaite que les taux de marge restent les mêmes pour la grande distribution, mais que les prix augmentent pour les consommatrices et les consommateurs", explique Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la FRC.
"Marges brutes pas significatives"
Contacté par la RTS, Coop a répondu par écrit: "Les marges brutes seules ne sont pas significatives, car elles ne tiennent pas compte des coûts effectifs. Ce qui est pertinent, c'est par exemple la multitude d'actions que Coop mène et qui ont une grande influence sur un tel calcul."
De son côté, Migros n'a pas voulu répondre aux sollicitations de la RTS. Il en va de même pour les Laiteries réunies de Genève, qui n'ont pas souhaité commenter l'article, ni répondre aux questions.
Jacqueline Pirszel, Maurice Ducas et Gianluca Agosta/asch