Le gaz russe ne coule plus à flots. Quelles pourraient être les conséquences en Suisse?
Gazprom a réduit lundi ses livraisons d'un tiers à l'Italie, ou encore de 70% à l'Autriche. Par ailleurs, des travaux de maintenance ont démarré sur les deux gazoducs Nord Stream 1 qui acheminent une grande quantité de gaz russe vers l'Allemagne. Ces conduites sont donc à l'arrêt, pour dix jours en tout cas.
"Si ces restrictions durent jusqu’à l’hiver prochain, elles auront des conséquences sur l’Europe et donc la Suisse", a prévenu mardi dans La Matinale le directeur du cabinet de conseil E-Cube à Lausanne Nicolas Charton.
"Les prix de gros du gaz en Europe vont encore gagner 50% depuis avril, ce qui témoigne d’une certaine anticipation d’une situation difficile sur l’approvisionnement en gaz", explique-t-il.
Le stock suisse menacé?
Nicolas Charton précise que la Suisse n’a pas de stockage de gaz sur son territoire, l’essentiel se trouvant en France. "La Suisse a pour objectif de constituer environ 15% de sa consommation sous forme de réserve dans ces stockages", indique-t-il, en ajoutant que ces stocks sont actuellement pleins à hauteur d’environ 65%.
La Suisse peut-elle faire confiance à son partenaire français ? Oui, si l’on en croit Nicolas Charton: "La France étant plutôt bien approvisionnée, on peut estimer que ces réductions ne devraient pas conduire à une mise en danger de l’objectif de réserves remplies à 90% d’ici le début de l’hiver."
Mais le problème, souligne-t-il, c’est que les "réserves ne couvrent qu’une partie de la consommation. "Si la situation se maintient, avec une réduction très forte, voire un arrêt des livraisons russes, il y aura, au moins pour les grands industriels en Europe, et donc vraisemblablement en Suisse, des restrictions de consommation à envisager", avertit-il.
Il recommande donc de demander, notamment à de gros industriels, des "mesures de sobriété ou de réduction des consommations", afin de "maximiser la constitution des stockages de gaz en Europe".
Dominique Choffat/ami