Bien que le gaz puisse paraître marginal, l’industrie en consomme beaucoup, explique jeudi dans Forum Dominique Rochat, spécialiste des infrastructures, de l'énergie et de l'environnement à la faîtière patronale Economiesuisse. Chimie, secteur pharmaceutique, alimentation (les boulangeries industrielles, notamment) et métallurgie sont des exemples de productions pour lesquelles de hautes températures sont nécessaires. Elles requièrent par conséquent des combustibles fossiles.
"Le gaz ou le mazout sont incontournables. On n'a pas encore de solution de rechange", souligne Dominique Rochat. Il ajoute qu’environ un tiers des installations peuvent fonctionner avec du mazout. "Là, on a quand même un potentiel non négligeable d'économie de gaz en utilisant une autre énergie à disposition", note-t-il.
Planification à détailler
Mercredi, la Confédération a présenté un plan d’urgence en cas de pénurie d'énergies, qui comporte quatre niveaux d’alerte. Dominique Rochat est satisfait de voir les autorités empoigner le problème. Cependant, il estime que ce n’est pour l'instant qu’un "emballage" dont les détails du contenu sont inconnus. "Dans le domaine de l'électricité, des plans d'urgence en cas de gestion de pénurie sont là et sont bien organisés. Mais dans le gaz, on doit tout construire", dit-il.
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Dominique Rochat redoute par ailleurs la dernière étape du plan, le rationnement en gaz pour les entreprises, qui serait un nouveau coup dur: "Si des entreprises qui commencent à manquer de gaz doivent arrêter leurs activités, ce serait ajouter une crise économique à la crise énergétique. Ce n’est pas souhaitable", avertit-il.
Le représentant de l'économie appelle donc de ses voeux une organisation "la plus favorable possible". Pour lui, la gestion de cette situation requiert de chacun d’amener "sa pierre ou son grain de sable", en fonction de ses capacités. Les entreprises pour lesquelles le gaz est "vital" doivent pouvoir continuer à en recevoir. Même s’il est trop tôt pour parler de dédommagements, Dominique Rochat évoque l’éventualité de mesures similaires à celles de la période Covid, par exemple la réduction de l'horaire de travail.
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Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: ami
Le tourisme d'hiver prêt à se serrer la ceinture pour éviter les fermetures
Dans son plan contre la pénurie énergétique, la Confédération envisage de restreindre l'accès à l'électricité dans certains secteurs considérés comme non-essentiels. Après deux ans de pandémie, le secteur du tourisme d’hiver craint une nouvelle saison empreinte de difficultés.
Les exploitants de remontées mécaniques feront toutefois tout pour éviter une mise à l’arrêt de leurs installations, quitte à se restreindre en cas de pénurie. Par exemple, la vitesse des équipements ou les horaires d’ouverture pourraient être réduits, explique dans le 19h30 Sébastien Travelletti, président de TéléAnzère et vice-président du Magic Pass.