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Plongée inédite au coeur de la centrale nucléaire de Gösgen (SO)

Immersion au cœur de la centrale nucléaire de Gösgen, pilier de l'approvisionnement électrique suisse
Immersion au cœur de la centrale nucléaire de Gösgen, pilier de l'approvisionnement électrique suisse / 19h30 / 3 min. / le 24 juillet 2022
Avec la pénurie d’énergie qui menace l’hiver prochain, les quatre centrales nucléaires suisses reviennent sur le devant de la scène, notamment avec les partis de droite qui rappellent leur importance pour l'approvisionnement électrique du pays. La RTS a exceptionnellement pu pénétrer dans celle de Gösgen (SO).

Quiconque souhaite y entrer doit suivre une procédure des plus strictes. Les visiteurs se revêtissent d’une combinaison intégrale blanche, munie d’une poche dans laquelle sera glissé un dosimètre, un appareil qui permet de mesurer l’accumulation de radioactivité.

Le directeur Herbert Meinecke sert de guide dans le dédale de couloirs qui composent l’installation. Pour entrer dans l’enceinte de confinement du réacteur, il faut passer par des sas fermés par de lourdes portes automatiques. "La pression est plus basse dans le bâtiment du réacteur. L’air ne peut s'écouler que vers l’intérieur. Il est ensuite filtré et contrôlé", explique Herbert Meinecke.

Dédale de couloirs, sas aux portes épaisses, machineries et combinaisons blanches. La centrale est un véritable décor de science-fiction. [RTS]
Dédale de couloirs, sas aux portes épaisses, machineries et combinaisons blanches. La centrale est un véritable décor de science-fiction. [RTS]

Plusieurs couches de protection

Après avoir franchi une suite de plusieurs barrières de confinement aux allures de vaisseau spatial, le cœur de la centrale se dévoile. "On est ici exactement au milieu de cette sphère d’acier. On voit le bassin de stockage pour les éléments de combustibles usagés", décrit le directeur en désignant au sol une cuve remplie d’eau.

L’immense dôme est garni d’un ensemble de machines bruyantes et de tyauterie. Il est régulièrement nettoyé pour enlever toute poussière radioactive.

Le directeur de la centrale de Gösgen Herbert Meinecke présente la cuve contenant les combustibles radioactifs usagés. [RTS]
Le directeur de la centrale de Gösgen Herbert Meinecke présente la cuve contenant les combustibles radioactifs usagés. [RTS]

Fer de lance de l'électricité

Depuis six ans, Gösgen ne se fournit plus en uranium russe, contrairement aux autres centrales nucléaires du pays. "Nous voulions une chaîne d'approvisionnement sûre et respectueuse de l'environnement", indique Herbert Meinecke. "C’est pourquoi nous nous fournissons désormais au Canada et en Europe de l’ouest. Nous en sommes très heureux aujourd'hui."

Sous les dalles de béton, le réacteur tourne à plein régime, faisant de Gösgen et des trois autres centrales nucléaires un pilier de la production électrique suisse, particulièrement en hiver. Elles fournissent durant cette saison environ 37% de la consommation nationale.

Le réacteur se trouve sous le dôme, au centre des infrastructures qui composent la centrale. [KEYSTONE - Alessandro Della Bella]
Le réacteur se trouve sous le dôme, au centre des infrastructures qui composent la centrale. [KEYSTONE - Alessandro Della Bella]

Face à la pénurie d’électricité qui menace, Gösgen met tout en œuvre pour éviter les pannes, mais sans céder à la pression. "Une production électrique sûre et fiable, c’est le b.a.-ba de l’énergie nucléaire. Chaque année, chaque minute, chaque seconde", souligne Herbert Meinecke.

Contrôle et planification

Il est temps de visiter la salle de contrôle, centre névralgique du fonctionnement et de la sécurité de la centrale. C’est une vaste pièce aux murs couverts de tableaux de bord et d’ordinateurs. Si l’équipe qui y travaille constate un dysfonctionnement, elle éteint immédiatement la centrale.

L'ingénieur allemand Herbert Meinecke est aux commandes de la centrale de Gösgen depuis 12 ans. Aujourd’hui, il se réjouit du regain d’intérêt politique pour le nucléaire en Suisse.

Le fonctionnement de la centrale est dirigé depuis la salle de contrôle, qui veille à la sécurité des installations. [RTS]
Le fonctionnement de la centrale est dirigé depuis la salle de contrôle, qui veille à la sécurité des installations. [RTS]

"Il y avait auparavant d’autres courants politiques, et ça ne me donnait pas un bon sentiment. Mais l’intérêt actuel et les discussions là autour, c’est positif", dit-il.

Il y a cinq ans, le peuple suisse a voté en faveur d'une sortie progressive du nucléaire. À Gösgen, on verrait d’un bon œil un nouveau scrutin sur le sujet.

>> Lire aussi : La prolongation de l'exploitation des centrales nucléaires suisses discutée

Reportage TV: Alexander Grünig et Julien Guillaume

Adaptation web: Antoine Michel

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Une énergie "surannée" et "sale"

Interviewé dans le 19h30 dimanche, Florian Kasser, de Greenpeace Suisse, estime que le nucléaire est une technologie "surannée", "sale", car elle "produit des déchets dont on ne sait que faire", et qui "soutient le régime de Poutine et sa guerre en Ukraine", une partie de l'uranium provenant de Russie.

Sortir de cette source d'énergie reste donc à ses yeux une bonne stratégie. Selon lui, "un incident ou un arrêt intempestif (de la centrale de Gösgen, ndlr) peut arriver à tout moment". Il estime également que la situation actuellement tendue sur le marché de l’électricité "est provoquée par le nucléaire". En effet, en France, qui alimente le marché européen, une trentaine de réacteurs sont à l’arrêt. Soit la moitié du parc nucléaire de ce pays. "Donc, de grosses capacités de production manquent pour assurer l’approvisionnement électrique", souligne-t-il.

Florian Kasser milite ainsi pour que "l’accent soit mis sur les énergies renouvelables". Dans ce domaine, la Suisse est trop lente, dit-il. "Il nous faut vraiment un coup d’accélérateur, spécialement pour le solaire", afin de "remplir nos objectifs de transition énergétique". Il souligne aussi le besoin de changer les comportements, c’est-à-dire de "s’attaquer au gaspillage".

>> Voir l'interview de Florian Kasser dans le 19h30 :

Florian Kasser, de Greenpeace Suisse, en direct de Zürich
Florian Kasser, de Greenpeace Suisse, en direct de Zürich / 19h30 / 2 min. / le 24 juillet 2022