Modifié

Pour recruter des nouveaux contrôleurs aériens, Skyguide double le salaire des apprentis

Skyguide peine à recruter des nouveaux contrôleurs aériens. [Keystone - Martial Trezzini]
Pour recruter des nouveaux contrôleurs aériens, Skyguide double le salaire des apprentis / La Matinale / 17 sec. / le 29 juillet 2022
Skyguide, qui fête cette année cent ans de services de navigation aérienne en Suisse, peine à recruter des contrôleurs aériens, en particulier en Suisse romande. Ils ne seront que cinq à commencer la formation en septembre alors que seize places sont à prendre.

Cette tendance est générale en Europe, mais particulièrement marquée en Suisse romande, a relevé jeudi à Genève devant la presse Alex Bristol, directeur général de Skyguide. L'entreprise a lancé une étude pour mieux comprendre ce désintérêt. En attendant les résultats, elle a nettement augmenté les salaires pour les apprentis (4000 francs la première année contre 2000 francs auparavant).

Parmi les pistes avancées pour expliquer ce manque d'engouement: une génération Z peu intéressée ou alors un problème de langue, selon Pierre-Etienne Lévêque, chef du centre de contrôle aérien ouest. La première année de formation s'effectue au centre de Dübendorf (ZH) en anglais. Le cursus s'étale sur près de trois ans.

>> Ecouter l'interview de Pierre-Etienne Lévêque :

Pierre-Etienne Lévêque, chef du centre de contrôle ouest chez Skyguide. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Skyguide manque de personnel: interview de Pierre-Etienne Lévêque / La Matinale / 55 sec. / le 29 juillet 2022

Les candidats doivent avoir entre 18 et 30 ans et être au bénéfice d'un diplôme d'études secondaires ou d'un CFC. Le métier requiert notamment un esprit logique et la capacité de travailler en équipe, explique Alex Bristol, qui vante la variété de cette profession.

Pas de routine

Christian Eichenberger, 45 ans, superviseur et contrôleur aérien depuis 23 ans chez Skyguide, ne va pas le contredire. Passionné d'aviation depuis tout petit, ce Vaudois adore s'installer à son poste dans la vigie de la tour de contrôle au bord du tarmac. Il ne se lasse jamais du ballet aérien: en moyenne 500 atterrissages et décollages quotidiens à gérer avec ses collègues.

Une certaine routine s'installe avec des procédures millimétrées qui permettent de séquencer le flux des avions, mais il faut toujours être sur le qui-vive pour les imprévus. La panne qui a affecté le système de Skyguide le 15 juin dernier, nécessitant la fermeture de l'espace aérien suisse, est d'ailleurs encore dans tous les esprits (voir encadré).

En hausse

A Genève, Skyguide a supervisé en 2021 près de 91'500 décollages et atterrissages de vols commerciaux, de jets d'affaires et d'hélicoptères, soit 16,2% de plus qu'en 2020. Le centre de contrôle ouest a eu 378'549 vols en transit au-dessus du territoire sous surveillance (+31,1%). Au total, 699 personnes travaillent au siège principal de Skyguide à Genève, dont 58 contrôleurs à la tour de contrôle et 120 pour assurer les opérations de vols dans l'espace aérien de la Suisse occidentale.

>> Skyguide fête ses 100 ans, réécouter le sujet de l'émission Les bonnes ondes :

Pascal Hochstrasser, Pascal Hochstrasser, chef de la tour de contrôle et du contrôle dʹapproche de Skyguide à l'aéroport de Genève. [Keystone - Magali Girardin]Keystone - Magali Girardin
Les 100 ans de Skyguide / Les bonnes ondes / 7 min. / le 22 juillet 2022

ats/jfe

Publié Modifié

15'365 minutes de retard en raison d'une panne

Revenant sur la panne du 15 juin, Alex Bristol explique que plusieurs investigations sont encore en cours. A ce stade, il est toutefois établi que le problème se situait sur un "switch avec des données corrompues". Il est aussi clair qu'il n'y a pas eu de cyberattaque, selon le directeur. "On sait ce qui s'est passé et comment faire pour éviter que cela se reproduise", a ajouté Alex Bristol.

Le directeur général déplore le dégât d'image pour l'entreprise et les conséquences pour les passagers, mais il souligne que les superviseurs ont parfaitement réagi quand ils ont constaté une anomalie à 03h30 du matin: il manquait des données dans les plans de vols. Ne connaissant pas l'ampleur du problème, ils n'ont pas hésité à interrompre le trafic aérien par principe de sécurité, relève Alex Bristol.

Si cette panne de système, qui a duré cinq heures, a été pénible, elle n'a toutefois pas un impact financier important sur Skyguide. L'entreprise a perdu des revenus en lien avec l'interruption du trafic aérien, mais elle n'a pas dû verser de compensations financières aux compagnies aériennes. L'avarie a causé au total 15'365 minutes de retard sur l'ensemble du réseau européen, alors que la moyenne quotidienne se situe à 120'000, relativise Alex Bristol.

>> Relire aussi : L'espace aérien suisse fermé pendant plusieurs heures à cause d'une panne chez Skyguide