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Le long des rivières asséchées, des usines hydroélectriques arrêtées

La sécheresse entraîne une chute plus de 50 % de la production hydroélectrique
La sécheresse entraîne une chute plus de 50 % de la production hydroélectrique / 19h30 / 1 min. / le 28 juillet 2022
En raison du manque d'eau, plusieurs usines hydroélectriques romandes sont actuellement à l'arrêt. Tous les producteurs romands affichent une diminution de production qui varie de 12% à 27%. Et si la situation n'est pas inquiétante à court terme, certains craignent qu'elle ne se normalise.

Rien que pour le mois de juillet 2022, le producteur d’électricité Romande Energie affiche une chute de 60% de la production hydroélectrique de ses centrales au fil de l'eau par rapport à une année moyenne.

La dernière centrale mise à l'arrêt, celle de Rivaz (VD) la semaine dernière, produit l'équivalent de la consommation électrique de 570 ménages. Mais en 2022, sa production a souvent été arrêtée. "Depuis le début de l’année, on a eu 67 jours sans production. C'est un record, on n'a jamais vu ça", confie au 19h30 Damien Marclay, responsable des actifs hydrauliques chez Romande Energie.

Le producteur romand annonce également qu'un tiers des installations hydroélectriques au fil de l'eau sont en ce moment à l’arrêt.

Barrage du Châtelot à sec

Dans les montagnes neuchâteloises, c'est le barrage du Châtelot, exploité par le Groupe E, qui est en déficit chronique d'eau depuis plusieurs années. Régulièrement, le Doubs s'assèche sur une partie de son tracé en France et peine à alimenter la région en eau.

Pour maintenir le niveau de son réservoir, le Groupe E a donc mis à l'arrêt quatre turbines sur cinq depuis le mois de juin. Mais cette mesure, pour l'instant, ne suffit pas: "Le niveau est en baisse constante, on perd environ 20 centimètres par jour", explique un employé au 19h30. Le débit minimum nécessaire à alimenter l’aval de la rivière sera donc encore réduit.

Pourtant, les équipements tournent déjà au ralenti. Seule la plus petite turbine au pied de la digue fonctionne, d'une capacité de 2000 litres par seconde. Or, la capacité de l'ensemble des groupes de production de la centrale du Châtelot est normalement de 40'000 litres par seconde, détaille Jean-Marc Bourqui, responsable de la conduite des ouvrages Groupe E. La production hydroélectrique est donc actuellement divisée par 20.

Situations diverses en Valais

Du côté des barrages valaisans, certains sont à sec tandis que d'autres bénéficient de la fonte des glaciers. Dans le Haut-Valais, celui de Gebidem déborde depuis une semaine en raison de la fonte massive du glacier d’Aletsch, qui sature les capacités de turbinage et de stockage. Chaque seconde, jusqu'à 75’000 litres d’eau jaillissent dans le vide.

Mais cette situation exceptionnelle est loin d'être généralisée. "D'autres barrages dépendent, eux, de l’eau de pluie, donc leur niveau est plus bas", explique Arnaud Schaller, membre de la direction de la société Hydro Exploitation. C'est le cas par exemple du réservoir de Salanfe, dont le niveau a baissé d'une quinzaine de mètres, soit un déficit de plus de 8 millions de mètres cubes d'eau par rapport à la moyenne.

Malgré ces fortes disparités, le taux de remplissage moyen des bassins du pays est de 66,1%, un taux qui reste dans la moyenne pour la saison, mais qui peinera à grimper si la sécheresse persiste, suscitant l'inquiétude des producteurs.

Car la Confédération leur demande de constituer des réserves d’énergie hydraulique pour l'hiver, afin de limiter les risques de pénurie. Et seul un automne pluvieux permettra de remplir l'ensemble des barrages.

>> Lire sur le même sujet : Simonetta Sommaruga: "La Suisse doit s'aligner sur les mesures de l'UE en matière d'économies d'énergie"

>> Le reportage en Valais de Romain Boisset :

Le niveau de remplissage des barrages inquiète les producteurs d’hydroélectricité à l’approche de l’hiver
Le niveau de remplissage des barrages inquiète les producteurs d’hydroélectricité à l’approche de l’hiver / 19h30 / 2 min. / le 28 juillet 2022

12% à 27% de production en moins

Mais en dehors de l'exception valaisanne, entre le 1er janvier et le début du mois de juillet 2022, tous les producteurs romands d’énergie affichent une diminution de production hydroélectrique qui varie de 12% à 27%.

Rien que pour Romande Energie (-27%), cela correspond à un manque de 93 millions de kilowattheures, soit la consommation de plus de 26'000 foyers.

Peu d'inquiétudes à court terme

Pour les producteurs d’énergie cependant, l'essentiel est d'atteindre pleinement leurs capacités d'ici cet hiver. Ces arrêts de production ne les inquiètent donc que moyennement.

Reste que certains groupes craignent que ce type de climat, avec des sécheresses plus longues, plus fréquentes, ainsi que des précipitations parfois plus intenses provoquant des crues éclair, ne devienne la norme.

Pour anticiper cette évolution de la météo, le groupe neuchâtelois Viteos intensifie notamment le développement de sa production photovoltaïque.

Miroslav Mares/jop

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Les chiffres par entreprises

Diminution de la production hydroélectrique de janvier à début juillet 2022 :

Le Service Industriel de Genève: -12%

Romande Energie: -27%

Groupe E: -19%

Production hydroélectrique pour le mois de juillet 2022

Vitéos – Neuchâtel: n'atteint que 10% de ses capacités

Romande Energie: affiche une baisse de 60%