La paire de devises euro-franc est passée début juillet sous la parité, un niveau en dessous duquel elle évolue depuis. Après un plus bas à 0,9694 euro/franc fin juillet, la monnaie helvétique s'échangeait mardi à 0,9748 franc pour un euro. En début d'année, le franc valait encore 1,0379 euro.
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"La BNS n'estime plus que le franc suisse est surévalué" et du coup "ne lutte plus de toutes ses forces contre un renchérissement" de la devise helvétique, ont souligné les spécialistes de Raiffeisen dans une étude publiée mardi. Ceci est d'autant plus vrai qu'un franc plus fort freine l'inflation importée, ont-ils ajouté.
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Face aux craintes de récession, la tendance ne devrait pas changer de sitôt. Sur un horizon à 12 mois, Raiffeisen entrevoit la paire de devises à 0,98 euro/franc. Dans ce contexte, la BNS pourrait bien retarder quelque peu la normalisation de sa politique monétaire et la sortie des taux d'intérêt négatifs.
L'inverse pour le dollar
La situation est inversée face au dollar, la Réserve fédérale américaine (Fed) soutenant le billet vert avec ses fortes hausses des taux directeurs. Mais après que les Etats-Unis ont glissé en récession technique au 2e trimestre, la banque centrale américaine devrait ralentir le rythme de ses interventions et le dollar calmer ses ardeurs.
Sur trois mois, la paire de devises dollar-franc devrait ainsi passer à 0,98 dollar/franc et sur 12 mois à 0,95 dollar/franc, contre 0,9527 actuellement.
La croissance revue à la baisse
En matière de projection de croissance, les économistes de Raiffeisen ont revu en baisse leurs perspectives pour l'économie suisse. Le produit intérieur brut ne devrait plus progresser que de 1,9% cette année, alors que les précédentes projections faisaient état d'une croissance de 2,2%. Les prévisions pour 2023 (+1,5%) demeurent inchangées.
Alors que la consommation privée et les dépenses publiques doivent toujours soutenir la croissance en 2022, les investissements en biens d'équipement et dans la construction devraient nettement marquer le pas, de même que les exportations.
"Les nuages deviennent plus nombreux à l'horizon conjoncturel avec la fin de l'effet de rattrapage post-Covid et l'envolée de l'inflation", ont averti les auteurs de l'étude. L'Europe est, elle, particulièrement pénalisée par la crise énergétique, même si en Suisse le tourisme estival porte encore actuellement la croissance.
ats/boi