C'est en effet chez les plus de 60 ans que le taux de chômage est actuellement le plus élevé (3,1% en juillet 2022, alors que le taux pour toute la population est de 2%, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique). Le chômage de longue durée, soit au moins un an, est aussi nettement plus marqué dans cette tranche d'âge. Il atteignait 36,2% en 2020, alors que la moyenne était de 14,6%, selon le rapport 2020 du Secrétariat d'Etat à l'économie sur la question.
Certains préjugés ont la vie dure. Ces personnes seraient plus chères, moins flexibles et leur santé plus fragile. La pénurie de personnel pourrait changer la donne. "Beaucoup d'employeurs préfèrent garder leurs personnes plus âgées, même s'il y a des coûts supplémentaires d'éventuelles maladies, parce qu'ils ont peur de ne pas retrouver quelqu'un d'autre", explique Charles de Reyff, chef du service public de l'emploi du Canton de Fribourg.
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Tirer son épingle du jeu
Il ajoute que les demandeurs d'emploi âgés trouvent plus facilement du travail, en l'absence de jeunes. "On voit que les employeurs qui ont de la peine à trouver cherchent par tous les moyens d'avoir du personnel. L'un de ces moyens dans certaines situations est d'aller contre leurs préjugés envers les personnes plus âgées et de les engager quand même", détaille-t-il. Il précise que cette tendance ne s'observe que depuis quelques mois.
Les seniors ont des atouts dont les entreprises ont besoin, relève de son côté Anne Donou, directrice romande du cabinet de ressources humaines von Rundstedt. "Ils ont plus de réseau dans les entreprises et savent plus s'adapter et travailler en équipe que les jeunes, qu'il faut former", indique-t-elle.
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Carrières moins linéaires
Au niveau de l'embauche des seniors, hommes et femmes sont sur un pied d'égalité. Les entreprises leur réservent le même accueil. La différence est à chercher du côté des candidates, selon Françoise Piron, directrice de la Fondation Pacte, qui promeut la mixité. Elle remarque que les femmes ont des carrières moins linéaires. Résultat: "Elles n'ont pas la même confiance en elles qu'un homme du même âge", explique-t-elle. "Elles partent avec ce poids des préjugés, en se disant: 'pour moi, cela va être plus difficile'", souligne-t-elle.
Elles sont d'ailleurs nombreuses à quitter le monde du travail avant la retraite. A 63 ans, seule la moitié des femmes sont encore présentes sur le marché. Mais la tendance est similaire du côté des hommes. Pourquoi ce retrait prématuré de la vie active? Selon le Crédit Suisse, une personne sur cinq prend une retraite anticipée parce qu'elle a perdu son poste.
Sandrine Hochstrasser/ami