Jean-Paul Clozel: "Il faut être prêt à se battre lorsqu'on pense que nos projets ont un sens"
L'industrie pharmaceutique et celle des biotechnologies sont le premier secteur d'exportations en Suisse. Jean-Paul Clozel et sa femme Martine en ont bénéficié en construisant un empire grâce à un médicament contre l'hypertension artérielle pulmonaire, le Bosentan.
Après avoir travaillé chez Roche, le couple a créé la société Actelion en 1997. Mais la firme est victime de son succès en 2011: des fonds spéculatifs ont essayé de renverser la direction pour la forcer à vendre l'entreprise. "Lorsque les activistes financiers ont voulu racheter Actelion, c'était le pire moment de ma carrière. Il a fallu se battre pour rester indépendant", raconte Jean-Paul Clozel.
Actelion vendu pour 30 milliards
Si en 2017, la société Johnson & Johnson a fini par racheter Actelion pour la somme astronomique de 30 milliards de dollars (29,7 milliards de francs), ce n'est pas parce que le couple Clozel voulait vendre mais par obligation, ce dernier ne détenant que 5% du capital d'Actelion.
"C'est logique que dans un monde libéral, les finances aient un certain poids. En tant que patron, il faut vivre avec et être prêt à se battre lorsqu'on pense que nos projets ont un sens", commente Jean-Paul Clozel. Et celui-ci n'a ensuite pas choisi la voie facile de la retraite dorée, mais il a décidé de fonder une nouvelle firme.
"Quand on crée une société, il faut avoir un peu d'insouciance sinon on ne fait rien. Mais on essaie de diminuer le plus possible les risques", déclare-t-il. Les départements de la recherche et du développement d'Actelion n'ont ainsi pas été vendus et ils constituent une société indépendante, Idorsia, basée à Bâle, dont le couple Clozel possède 29% du capital. Les 700 chercheurs ont été conservés et la société compte actuellement 1500 collaborateurs dans le monde.
La Suisse, un pays idéal pour la biotech
Selon le CEO d'Idorsia, lancer un médicament demande non seulement "plusieurs centaines de milliers de francs", mais également beaucoup de temps. Le somnifère de la société qui arrive en phase de commercialisation, le Daridorexant, a ainsi pris 25 ans de recherches pour être créé.
Pour Jean-Paul Clozel, "la politique et l'administration suisses créent un bon environnement pour la recherche. C'est un pays idéal pour créer une startup dans la biotech".
Propos recueillis par Patrick Fischer
Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva