Parti de rien, Avni Orllati est aujourd'hui à la tête d'un groupe comptant 900 collaborateurs, 1000 véhicules et machines de chantier, pour un chiffre d'affaires de 400 millions de francs.
L'ascension fulgurante de cet immigré kosovar n'a toutefois pas fait que des heureux parmi les notables de la construction. Soupçons de favoritisme, interrogations sur la provenance des fonds: Avni Orllati a souvent été pris pour cible.
"En étant à la tête de l'entreprise et en sachant que rien de tout ça n'était fondé, c'était désagréable à chaque fois de devoir expliquer la situation. Ma famille a beaucoup plus souffert que moi, surtout ceux qui n'étaient pas dans l'entreprise", livre l'administrateur délégué du groupe Orllati lundi dans l'émission Big Boss.
Affaire Nicod
Accusé de polluer les sols, Avni Orllati a aussi été en conflit frontal avec le promoteur vaudois Bernard Nicod. L'affaire, qui a éclaté en 2017, est rocambolesque: des perquisitions sur la décharge, un détective privé, un corbeau condamné et des lettres anonymes.
Au final, Orllati a été totalement blanchi par la justice vaudoise et les deux promoteurs ont trouvé un terrain d’entente. Aujourd'hui, ils collaborent sur le projet du quartier des Cèdres à Chavannes-près-Renens (VD).
"Pour résumer, monsieur Nicod s'occupe de la gérance immobilière et de la mise en valeur des bâtiments. Nous, nous construisons", indique Avni Orllati. Mais les tensions ne semblent pas totalement enfouies. "Est-ce qu'on pourrait partir en vacances ensemble? Non."
Une histoire de famille
Avni Orllati est arrivé en Suisse du Kosovo à l’âge de 15 ans, en 1989. "Mon père venait en Suisse dans les années 1970 en tant que saisonnier, il a toujours travaillé sur les chantiers. Quand je suis venu ici, on l'accompagnait avec mes frères. C'est là qu'on a attrapé le virus de la construction."
Le groupe Orllati, c'est une histoire de famille. Les quatre frères ont commencé par la démolition, avant de racheter des terrains, des décharges, et de se lancer dans l'immobilier. "Au début, on faisait de la récupération, on démontait des toits en tuile, des portes, des fenêtres. On n'imaginait pas du tout que ça prendrait cette ampleur", se souvient Avni Orllati.
"J'adore tout ce que je fais", confie aujourd'hui l'entrepreneur. "Si je suis dur en affaires? J'aime payer le prix juste, c'est tout."
Propos recueillis par Patrick Fischer/gma
"Les prix ont énormément augmenté"
"La ferraille a plus que doublé, d'autres prix ont triplé", souligne Avni Orllati. "Aujourd'hui, il y a facilement 15 à 20% de hausse globale sur le prix de la construction."
Pour l'entrepreneur, une partie va être absorbée par les investisseurs, mais le reste va être répercuté sur l'acheteur ou le locataire.