Bavarian Nordic, seule entreprise au monde à produire le vaccin contre la variole du singe
En près de 30 ans d'existence, Bavarian Nordic n'a jamais connu une telle effervescence. Cette entreprise danoise, qui fabrique le seul vaccin autorisé contre la variole du singe, voit en effet les commandes pleuvoir. Et ce, depuis que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a activé, le mois dernier, son plus haut niveau d'alerte concernant cette maladie.
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Recrutements à tour de bras
Alors qu'elle comptait jusqu'ici 850 employés, Bavarian Nordic recrute à tour de bras. Le but de la manoeuvre est d’augmenter le plus rapidement possible ses capacités de production. Aujourd'hui, si elle est capable de sortir de son usine du nord de Copenhague 30 millions de doses par année, cela reste insuffisant.
Passée du jour au lendemain dans la cour des grands, l'entreprise - qui dispose aussi d'une présence en Suisse avec des bureaux à Zoug - a revu ses perspectives financières six fois. La petite biotech, qui pensait perdre beaucoup d'argent cette année, devrait arriver à l'équilibre. Et la valeur de son action a été multipliée par trois.
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Financée par un programme américain
Au départ, Bavarian Nordic a été fondée autour d'un traitement contre le cancer du pancréas. Mais cela n'a pas fonctionné.
Et à première vue, la variole n'était pas non plus un objet de recherche très prometteur. En effet, cette maladie mortelle dans 30% des cas - et contre laquelle il n'existe pas de traitement reconnu, excepté la vaccination - est considérée comme éradiquée depuis 1980. Personne n'a donc poursuivi les recherches sur un vaccin, sauf Bavarian Nordic.
Les Etats-Unis, par crainte d'une attaque biologique après les attentats du 11-Septembre, ont mandaté la société danoise en 2003. "Bavarian Nordic s'est tournée vers le programme américain BioShield lancé par George W. Bush qui était très préoccupé par les usages bioterroristes de certains produits médicaux, dont la variole", explique dans La Matinale Patrick Zylberman, professeur émérite d'Histoire de la santé à l'École des hautes études en santé publique à Paris (EHESP).
L'idée était alors de barrer la route de toute espèce de militarisation des virus comme avaient tenté de faire les Soviétiques durant les année 1970 avec le programme Biopreparat, note le spécialiste. "Bavarian Nordic avait donc là un marché de niche en concluant des contrats avec les Etats pour la fourniture possible de quantités de doses à déterminer avec chaque Etat en fonction de sa population."
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S'il existait déjà auparavant des vaccins contre la variole, les effets secondaires étaient très lourds. Le sérum de Bavarian Nordic, de 3e génération, constitue une nette amélioration. A noter que ce vaccin n'a pas été développé spécifiquement contre la variole du singe.
Cléa Favre/fgn