Par exemple, le litre d'essence sans plomb est à 1,54 euro le litre en France, contre 2,07 francs dans une station de l'autre côté de la frontière genevoise.
Ce jeudi, les Suisses étaient donc nombreux à traverser la douane. "Par rapport au prix suisse, il n'y a pas photo. Entre le prix de l'essence et le taux de change particulièrement favorable, cela vaut la peine", confie dans le 19h30 un Genevois qui fait son plein à Gaillard, à deux kilomètres de la frontière suisse.
"Je suis étudiant et la différence par litre, pour un plein, ça fait beaucoup", ajoute un autre client.
Une remise de 18 à 30 centimes
La remise de 18 centimes par litre sur le prix du carburant mise en place par la France en avril dernier passe désormais à 30 centimes. Une ristourne qui creuse encore l'écart avec la Suisse.
Pour faire le plein de sa voiture de 50 litres avec du sans plomb 95, un Helvète pourra économiser 28 francs en traversant la frontière. Celui qui conduit une grosse voiture de 80 litres pourra même réduire sa facture de 45 francs.
Les stations françaises qui rient
Pour sa part, le directeur de l'Intermarché à Gaillard David Mattel affiche un sourire réjoui: "Aujourd'hui, on a eu une hausse de 10 à 20% de la fréquentation. Environ 55 à 60% étaient des Suisses, qui sont venus en station et en magasin."
Même avec un pouvoir d'achat en Suisse important, la différence est trop grande. "Pourvu que ça dure", espère le directeur français.
Les stations suisses qui pleurent
De l'autre côté de la frontière, les traits de Farid Ben Slimane tirent vers le bas. Le directeur de plusieurs stations-services en Suisse regarde ses colonnes désertées: "Cette baisse en France continue d'être problématique. Est-ce qu'on va perdre encore plus de clients? L'avenir nous le dira. Dans tous les cas, nos chiffres continuent de diminuer. Sur le mois d'août, le volume de carburant vendu a reculé de 30 à 55% par rapport au même mois de l'année dernière", déplore-t-il.
La subvention de 30 centimes du gouvernement français est promise jusqu'au 1er novembre et devrait diminuer à 10 centimes jusqu'au 31 décembre.
"On espère que ça ne durera pas trop longtemps et que le gouvernement français tiendra sa parole en rebaissant cette subvention", déclare Farid Ben Slimane.
Quant au Conseil fédéral, le directeur de stations-services n'en attend pas grand-chose. "Je n'ai pas l'impression que quelqu'un ose prendre ce dossier au sérieux. Pourtant, si ça devient une nouvelle normalité, il est possible que des stations disparaissent du côté suisse et que d'autres se créent en France", déclare-t-il dans Forum.
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Estelle Braconnier et Feriel Mestiri
Céline Amaudruz: "Le Conseil fédéral doit agir rapidement"
Selon Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC, une baisse des taxes sur l'essence en Suisse s'impose à l'heure actuelle. "Nous l'avions déjà demandé au Parlement en juin, mais il ne nous a pas suivis. De son côté, le Conseil fédéral n'agit pas. Il faut qu'il le fasse rapidement", lance la conseillère nationale genevoise jeudi sur le plateau du 19h30.
"Dans chaque litre d'essence, 90 centimes sont pris par l'Etat. Ce dernier devrait renoncer à une partie de cette taxe, au moins de manière provisoire, pour soulager le pouvoir d'achat des citoyens", poursuit l'élue UDC.
"Aujourd'hui, la préoccupation première des citoyens et citoyennes de ce pays, c'est le pouvoir d'achat. Ils ont tout qui augmente, la facture du chauffage, l'électricité, le mazout et l'essence, ça devient intenable."
Céline Amaudruz se dit enfin inquiète pour les stations-essence du pays avec la hausse du "tourisme d'achat".