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Deux nouveaux indicateurs de l'OFS viennent documenter les inégalités salariales

Les femmes sont près de 60% à travailler à temps partiel. [AFP - Matelly/Cultura Creative]
Deux nouveaux indicateurs de l'OFS viennent documenter les inégalités salariales / Le Journal horaire / 35 sec. / le 7 septembre 2022
Les inégalités économiques entre les hommes et les femmes seront mieux documentées à l'avenir. L'Office fédéral de la statistique (OFS) utilisera deux nouveaux outils: l'écart global de revenus du travail et l'écart de rente.

L'écart global de revenus du travail (GOEG) est plus complet que le traditionnel écart salarial, car il prend en compte le revenu horaire, le taux d'occupation et le taux de participation au marché du travail pour toutes les tranches d'âge entre 15 et 64 ans.

Or, selon cette méthode, le revenu des femmes était inférieur de 43,2% à celui des hommes en 2018, indique un rapport de l'OFS rendu public mercredi. Un tel écart s'explique principalement par la forte proportion de femmes à occuper un temps partiel, voire à arrêter de travailler, pour mieux concilier vie professionnelle et vie de famille.

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Travail gratuit et non valorisé

Par conséquent, l'indicateur GOEG augmente avec l'âge. En 2018, il était de seulement 7,9% pour les 15-24 ans, mais de 50,8% pour les 45-54 et de 53,5% pour les 55-64 ans. Les femmes effectuent ainsi une grande partie du travail non rémunéré, soit les tâches domestiques ou du travail bénévole, dont la valeur monétaire est estimée à quelque 315 milliards de francs.

En comparaison européenne, la Suisse fait pâle figure. Seuls les Pays-Bas et l'Autriche font moins bien avec un score de 44,2%. Nos autres voisins ne font pas beaucoup mieux, à l'exception peut-être de la France (29,6%). Le GOEG de l'Allemagne se situe à 41,9% et celui de l'Italie à 43%. Les meilleurs élèves sont la Lituanie (20,4%), le Portugal (20,6%) et la Slovénie (21%).

Écart salarial stable sur 10 ans

Indépendamment de ce facteur, les femmes gagnent aussi moins globalement que les hommes. L'écart salarial, soit la différence entre deux pleins temps équivalents, s'élevait à 19% en 2018, précise l'OFS. Il résulte de différences dans la formation, l'expérience ou le poste occupé. Les femmes restent par exemple beaucoup moins nombreuses à accéder à des fonctions de cadre.

Mais la moitié de cet écart, qui représente en moyenne 684 francs par mois dans le privé et 602 francs dans le secteur public, demeure toutefois "inexpliquée". Et cette différence a peu évolué depuis 2012.

Les conséquences du mariage

Outre l'écart global de revenus du travail, l'OFS intégrera également l'écart de rente à l'avenir dans ses statistiques. En 2020, il se situait à 34,6%. Les femmes ont ainsi obtenu en moyenne 18'924 francs de moins que les hommes.

Les écarts sont minimes au niveau de l'AVS. Ils sont en revanche très nets dans les 2e et 3e piliers. Les femmes perçoivent plus rarement des prestations, et ces dernières sont en moyenne plus basses que celles des hommes. Un peu moins de la moitié des femmes touchent par exemple une rente du 2e pilier, contre 70% d'hommes. Leur montant est par ailleurs inférieur de 47% aux rentes des hommes.

Les différences de participation au marché du travail, les conséquences du modèle familial ou de vie ainsi que les inégalités salariales expliquent ces écarts qui sont plus grands parmi les personnes mariées, divorcées et veuves. Aucun écart n'existe en revanche entre les femmes et les hommes célibataires.

ats/jop

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