Les entreprises peinent à embaucher, mais les salaires des travailleurs augmentent peu
Les départs à la retraite sont nombreux actuellement sur le marché du travail, davantage que les entrées dans la vie active. Une pénurie de main d'oeuvre touche de nombreux secteurs de l'économie, si bien qu'on entend beaucoup cette ritournelle: désormais, ce sont les salariés qui tiennent le couteau par le manche.
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Dans la pratique, pourtant, on ne constate pas de changement radical du côté des salaires. En réalité, le prix du travail ne fluctue pas comme le prix d'une tomate. Il existe en effet une sorte de contrat tacite entre les employeurs et les employés pour que le salaire ne varie pas trop: personne n'a envie de perdre un tiers de son revenu du jour au lendemain parce que son salaire serait indexé sur le taux de chômage dans sa branche. Que la fiche de paie ne change pas au rythme de l'offre et la demande est ainsi une sécurité.
En outre, la négociation entre un employeur et sa main d'oeuvre potentielle n'est pas toujours menée d'égal à égal. Une grande entreprise peut par exemple être suffisamment puissante dans une région pour fixer son prix. En l'absence d'alternative, c'est à prendre ou à laisser pour le travailleur.
Difficile de toucher à la structure des salaires
Si les employeurs sont assez frileux en matière de rallonges, c'est parce qu'une rémunération peut toujours être augmentée; en revanche, elle se baisse difficilement.
Autre paramètre: les entreprises ont déjà en place toute une structure de salaires à laquelle il est difficile de toucher sans créer des iniquités. Par exemple, le fait d'octroyer à une nouvelle recrue un salaire de 2000 francs supérieur, pour le même poste, à celui d'une employée en place depuis 10 ans, simplement parce qu'elle a été recrutée durant un épisode de pénurie de main d'oeuvre, risque de provoquer un fort ressentiment.
Primes et avantages en nature
Le manque de main d'oeuvre à disposition joue tout de même un peu en faveur des salariés, mais pas forcément au niveau de leur salaire. Les entreprises préfèrent jouer sur d'autres tableaux.
"Les employeurs peuvent ajuster par exemple un plan de carrière, avec une perspective de promotion. Ils peuvent également proposer des avantages en nature, comme l'accès à une crèche, négocier sur le télétravail ou sur le taux d'occupation. C'est plutôt sur de tels paramètres qu'ils vont essayer d'attirer des employés", a expliqué lundi dans La Matinale de la RTS le professeur d'économie à la Haute école de gestion et à l'Université de Genève Giovanni Ferro-Luzzi.
Les adaptations de salaires, elles, se font lentement, quand un secteur est durablement frappé par une pénurie de personnel. Le vrai pouvoir de négociation octroyé au travailleur durant une pénurie se situe donc davantage du côté de la flexibilité du travail, du deuxième pilier, de la formation, ou encore des primes.
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Sujet radio: Cléa Favre
Adaptation web: Vincent Cherpillod