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Vincent Ducrot: "On peut assurer trois quarts de notre offre" en cas de pénurie d'électricité

Vincent Ducrot, patron des CFF
Vincent Ducrot, patron des CFF / Big Boss / 22 min. / le 12 septembre 2022
Interrogé lundi dans l'émission Big Boss, le directeur des CFF Vincent Ducrot a indiqué qu'une hausse des tarifs n'était pas prévue l'année prochaine malgré la crise énergétique. Il estime par ailleurs pouvoir assurer l'essentiel de l'offre même en cas de pénurie d'électricité.

Bonne nouvelle pour les pendulaires: les tarifs des CFF n'augmenteront pas en 2023. "On prend un certain risque, parce qu'on a aussi beaucoup de renchérissement", souligne le Fribourgeois. "L'énergie est un poste très important pour nous. Même si on en produit, on doit en acheter une partie à des coûts qui sont devenus beaucoup plus élevés."

Pour la suite, le directeur de l'ex-régie fédérale précise que les prix des billets et abonnements se décident chaque printemps pour l'année suivante. Tout dépendra donc de l'évolution du renchérissement au début 2023.

Production maison

La compagnie ferroviaire compte sur un atout de taille pour ne pas avoir à subir de plein fouet l'augmentation du prix de l'électricité. Grâce aux sept barrages et usines électriques qu'elle possède, elle produit environ 90% de sa consommation. Son réseau nécessite en effet des installations particulières, dont la fréquence spécifique est de 16,7 hertz.

Les CFF dépendent en revanche d'autres fournisseurs pour leur consommation de courant "domestique" (50 hertz), qui alimente notamment les signaux lumineux, le matériel de communication ou encore l'éclairage.

La firme a ainsi planché sur plusieurs scénarios en vue d'un hiver de tous les dangers sur le plan énergétique. Mais pas question d'envisager une panne de courant. "Aujourd'hui, on sait qu'on peut assurer au moins trois quarts de notre offre actuelle avec ce qu'on a encore comme réserve d'électricité, même si on ne nous fournit plus l'électricité", assure celui qui est diplômé en ingénierie électrique de l'EPFL.

Pour l'heure, l'ex-régie fédérale ne sait pas encore si elle sera considérée par les autorités fédérales comme une cliente essentielle et prioritaire, à l'image par exemple du secteur de la santé. Ce statut se décidera "en fonction des différents scénarios que la Confédération doit mettre en place", indique Vincent Ducrot. "Pour le gaz, on l'a été", ajoute-t-il. "Dans le gaz, on est systémique, car on en a besoin pour chauffer les aiguillages", complète celui qui dirige les CFF depuis avril 2020.

La ponctualité en berne

Vincent Ducrot est également revenu sur le sujet qui fâche les pendulaires: les retards. La Suisse romande est particulièrement touchée, car les trains y sont moins à l'heure qu'outre-Sarine. Ses infrastructures, en moyenne plus anciennes, nécessitent davantage d'entretien, ce qui signifie davantage de perturbations sur les lignes.

En Suisse orientale, les trains étaient à l'heure 341 jours en 2021. En Suisse romande et à Berne, le chiffre s'élevait à 133.

L'horaire date des années 2000 et n'a jamais été révisé alors que le trafic s'est densifié, sans que soit prévue une réserve de temps, explique Vincent Ducrot. Du reste, la gare de Lausanne est un goulot d'étranglement qui ralentit les flux de voyageurs. Des travaux très complexes y sont en cours.

>> Lire aussi : La complexité du chantier de la gare de Lausanne a été sous-estimée

Ajouter des minutes pour ne plus en perdre

Pour résoudre le problème, un ajout de quelques minutes aux trajets est en cours de discussion avec les cantons. Un premier projet proposé par les CFF n'a pas passé la rampe. "C'est relativement simple. Quand le train fait 55 ou 56 minutes entre deux points, en réalité, le temps de parcours est un peu plus faible. On laisse trois à quatre minutes pour faire des travaux, pour tenir compte qu'en automne le rail est mauvais ou pour tout problème qu'on a, notamment dans les gares", détaille le patron des CFF.

"Là, on se retrouve avec la situation où, dans les gares, on consomme déjà cette réserve. Donc, on ne peut plus faire de travaux." Même si certaines correspondances seront sacrifiées, Vincent Ducrot plaide pour l'ajout de ce temps supplémentaire: "C'est le principe d'un horaire stable et robuste: y mettre suffisamment de réserves pour tenir compte des imprévus."

Propos recueillis par Patrick Fischer

Texte web: Antoine Michel

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