Le résultat semestriel est meilleur que celui de la même période l'an dernier (-389 millions de francs), mais il reste négatif à hauteur de -142 millions de francs, ont communiqué les CFF jeudi. Les comptes du trafic grandes lignes affichent toujours un déficit de 123 millions de francs, qui pèse sur les résultats semestriels.
L'entreprise ressent encore les effets de la pandémie: la demande stagne depuis mai à un niveau inférieur d'environ 10% à celui d'avant la crise sanitaire. Au premier semestre 2022, 1,1 million de passagers au total ont voyagé chaque jour en trafic régional et grandes lignes, soit 43,9% de plus qu'en 2021, mais toujours 15,1% de moins qu'en 2019, avant la pandémie de coronavirus.
Chiffre record pour le demi-tarif
Par souci écologique, de plus en plus de voyageurs privilégient le train pour certaines destinations, notamment en trafic international (trains de nuit). Pour cette année, la demande est même parfois supérieure à ce qu'elle était en 2019. A ce niveau, la ponctualité et le système de billetterie internationale doivent être améliorés, estiment les CFF.
Si le trafic pendulaire recule, celui des loisirs augmente. L'entreprise entend développer l'offre dans ce créneau, par exemple avec "VosAlpes Express" en hiver ou des liaisons supplémentaires les week-ends d'été entre le Tessin et Zurich.
A la fin juin 2022, les abonnements demi-tarif ont atteint des chiffres record, avec 2,9 millions en cours de validité, soit 7,6% de plus qu'en juin 2021 (+9,6% par rapport à 2019).
Forte hausse des coûts de l'énergie
La situation reste toutefois tendue pour l'entreprise, qui s'inquiète des prix élevés de l'énergie. Les CFF roulent certes avec 90% d'énergie hydraulique, provenant en majorité de leurs propres centrales. Mais actuellement, celles-ci produisent moins d'énergie en raison de la sécheresse et du faible niveau des lacs de retenue.
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Afin de pouvoir produire leur propre électricité en cas de pénurie, les CFF maintiennent actuellement leurs barrages aussi pleins que possible, écrivent-ils. Ceci les oblige à se procurer de l'énergie de remplacement sur le marché à des prix en constante augmentation.
Cette situation a déjà des répercussions négatives sur le résultat semestriel, en particulier de l'unité Infrastructure Energie, avec -24,2 millions de francs (2021: +17,5 millions de francs). La situation s'est aggravée durant l'été et pèsera fortement sur le résultat annuel 2022.
Les CFF ont élaboré différents scénarios pour faire face au risque de pénurie d'électricité et de gaz. Ils ont réduit le chauffage et l'éclairage dans leurs bâtiments, coupé l'eau chaude dans les bureaux et commencé à privilégier le mazout au gaz pour leurs installations. L'entreprise renonce également aux illuminations de Noël, à l'éclairage des façades et des enseignes CFF.
Transport par rail pas rentable
CFF Cargo Suisse (-34 millions de francs) et SBB Cargo International (-3,8 millions de francs) sont en déficit sur le premier semestre. Chez CFF Cargo Suisse, la prestation de transport n'a quasiment pas évolué (-2,8%), chez SBB Cargo International, elle a encore baissé de 4,6%. Le transport par wagon n'est toujours pas rentable.
Les revenus locatifs de tiers de CFF Immobilier ont de nouveau eu un effet stabilisateur: au premier semestre, ils ont dépassé les chiffres de l'année précédente de 10,4% (319 millions de francs, 2021: 289 millions de francs).
Enfin, l'endettement reste un véritable défi, souligne l'entreprise: à 30,6%, il se situe au-dessus des chiffres de 2019. A la clôture du premier semestre, le taux de couverture de la dette était de 10,2 , alors que le taux attendu par la Confédération est de 6,5 d'ici à 2030.
La situation de l'exploitation est globalement stable. En 2022, 263 personnes ont commencé une formation pour piloter les locomotives: un record qui permet de combler le manque de personnel. Dans la majorité des cas, la fiabilité des trains a été assurée, malgré une disponibilité insatisfaisante, notamment au Tessin et en Suisse romande.
Dans une réaction, le Syndicat des transports SEV constate une reprise du trafic ferroviaire et réitère sa demande de hausse réelle des salaires aux CFF.
ats/vajo