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La France présente un budget 2023 "à l'euro près" déjà critiqué

Le ministre de l'économie Bruno Le Maire et le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal ont présenté lundi les contours du budget 2023. [reuters - Benoit Tessier]
Un budget 2023 sous le signe de l'incertitude et des dépenses pour la France / Le Journal horaire / 16 sec. / le 26 septembre 2022
Le gouvernement français a présenté lundi un projet de budget qui se veut à "l'euro près", avec la création de près de 11'000 postes de fonctionnaires d'Etat et des dépenses pour alléger la facture énergétique des Français, mais contraint par une charge de la dette en hausse.

"Le budget que nous vous présentons aujourd'hui (lundi) est un budget de protection", a affirmé le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal lors du compte-rendu du Conseil des ministres.

Le bouclier tarifaire prévu dans le projet de budget, qui permet de contenir la hausse des prix à 15%, permet à la France d'avoir "le niveau d'inflation le plus bas" des pays de la zone Euro, a fait valoir le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, jugeant toujours "crédible" une croissance de 1% en 2023, malgré les prévisions plus pessimistes de l'OCDE et l'avis mitigé du Haut Conseil de finances publiques.

Il a insisté sur le "tournant" que représentait pour la France l'arrêt, dès la fin de l'année, des garanties à l'export pour les nouveaux projets d'exploitation d'énergies fossiles.

Une France "à l'euro près"

Bruno Le Maire a cependant souhaité "rétablir les finances publiques", grâce au plein emploi, aux réformes structurelles comme celle des retraites, rappelant qu'Emmanuel Macron avait reçu le "mandat" des Français pour les réformer, et à la réduction des dépenses publiques.

"La France est à l'euro près", a-t-il dit en présentant le projet de loi de finances à la presse. "Aucune nouvelle dépense" ne pourra être introduite lors du débat parlementaire si elle n'est pas "financée à l'euro près", a mis en garde le ministre.

Les dépenses de l'Etat prévues pour l'an prochain baissent par rapport à celles prévues suite à la dernière loi de finance rectificative pour 2022, passant de 489,9 à 480,3 milliards d'euros.

Malgré cette baisse, le gouvernement prévoit 10'764 postes supplémentaires de fonctionnaires pour l'Etat et ses opérateurs en 2023, contre seulement 294 prévus en 2022 selon le projet de budget.

Un déficit de la Sécurité sociale à 6,8 milliards

Le ministre de la Santé François Braun, qui présentait le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), n'a pas fait mention d'un éventuel amendement du gouvernement à ce texte pour engager une réforme des retraites, qui fait débat au sein de l'exécutif.

"Avec le président de la République, on décidera d'ici la fin de la semaine", a affirmé sur ce sujet la Première ministre Elisabeth Borne en début de matinée.

Le gouvernement table sur un déficit de la Sécurité sociale ramené à 6,8 milliards d'euros, en nette amélioration par rapport à 2022, mais sur un déficit de la branche vieillesse repartant à la hausse, rendant indispensable, selon lui, d'allonger la durée du travail.

Un gouvernement trop optimiste sur les recettes?

Sur les retraites comme sur le budget, la Première ministre Elisabeth Borne a assuré qu'elle pousserait pour "la recherche de compromis", sans pour autant exclure le recours à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote, sauf motion de censure. Outre les retraites, plusieurs points du budget promettent des discussions animées au Parlement.

Au groupe LR à l'Assemblée nationale, on juge le gouvernement "très optimiste sur les recettes" alors que "l'augmentation des dépenses se poursuit". "L'Etat ne se remet pas en cause quant à la suradministration" notamment.

Critique semblable de la part d'Eric Coquerel, le président LFI de la Commission des finances. Celui-ci a également jugé dans une conférence de presse que "les dépenses qui sont prévues par l'Etat cette année sont largement insuffisantes face à la situation écologique et sociale".

afp/ther

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270 milliards de dette à lever sur les marchés

L'Etat français compte lever 270 milliards d'euros de dette sur les marchés financiers en 2023, un record après 260 milliards d'euros en 2021 et 2022, a annoncé l'Agence France Trésor lundi en marge de la présentation du budget de l'an prochain.

En 2023, l'Etat doit trouver 305,5 milliards d'euros, contre 306 en 2022. Si ce chiffre s'annonce stable, la France ne pourra toutefois plus compter autant qu'en 2022 sur la trésorerie de précaution constituée en 2020 pour amortir les chocs sanitaires.

La baisse du déficit de l'Etat (qui doit être ramené de 172,6 en 2022 à 158,5 milliards d'euros en 2023), est également contrebalancée par la nécessité de renouveler de précédents emprunts qui arriveront à échéance en 2023.

Augmentation salariale pour les enseignants

Une enveloppe de 935 millions d'euros est prévue au budget 2023 pour financer une augmentation "inédite" du salaire des enseignants, avec un "socle de 10% en moyenne" et des hausses pour rémunérer des tâches supplémentaires, selon le projet de budget présenté lundi.

Au total, le coût pérenne en année pleine de ces revalorisations d'enseignant "dépassera 2 milliards d'euros", selon ce texte.